Page 424 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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PROVINCE DE QUÉBEC (1821) 383
fait tout ce que nous avons pu pour les détruire entièrement. Les pro-
priétaires de vaisseaux représentèrent au Bureau du Commerce que la
Suède et la Norvège n'étant pas tout-à-fait si éloignées que le Canada
si l'on mettait un impôt prohibitif sur le bois importé de la Baltique, et
que l'on permît d'importer le bois du Canada franc de droits, il faudrait
un plus grand nombre de vaisseaux et de matelots pour le transporter.
Cette idée plut fort aux personnes qui composaient le Bureau; les mar-
chands du Canada l'appuyèrent, et les ministres, aussitôt, présentèrent
un bill pour abolir les droits payables sur le bois de l'Amérique anglaise,
et pour doubler ceux payables sur le bois de la Baltique! Mais, nonobs-
tant, cette énorme augmentation de droits, le commerce avec les nations
du Nord continua, quoique beaucoup moins étendu, jusqu'en 1813,
qu'une addition de 25 pour cent, faite aux droits imposés en 1810, le fit
cesser entièrement; et depuis ce tems le peuple anglais a été obligé de
payer, pour du bois de la plus mauvaise qualité qui puisse être, et qui ne
durera probablement pas plus d'une vingtaine d'années, à peu près le
double du prix qu'il payait auparavant pour le bois le plus beau du monde
et le plus durable!
"Mais les Ministre n'auraient pu s'arrêter là, quand même ils l'eus-
sent voulu. Ayant doublé le prix du bois pour contenter les marchands
du Canada, et les propriétaires devaisseaux, ils nepouvaient se hasarder
à refuser le monopole du fer aux propriétaires de mines dans ce pays. Et
de là, pour attirer une proportion indue des capitaux de la nation dans le
métier stérile et périlleux de l'exploitation des mines, des droits pro-
hibitifs furent imposés sur le fer de Suède et autres fers étrangers, et cette
brancheimportante denotre commerce extérieur fut retranchée entière-
ment.
"Une pareille conduite, nous sommes forcés de le dire, tient beau-
coup plus d'une démence absolue, que d'une ineptie offi~ielle. Pour
employer quelque mille tonneaux de marine de plus, et pour défricher
quelques centaines d'arpens d'une colonie, qui n'est d'aucune valeur
quelconquepour ce pays, et qui, dans le cours d'une vingtaine ou d'une
cinquantaine d'années, sera, ou indépendante, ou une province des Etats-
Unis, nous nous sommes privés du revenu que nous procurait la modicité
de l'impôt sur le bois de la Baltique, nous avons forcé nos constructeurs
et nos manufacturiers de payer double prix pour de mauvais sapin et de
mauvais fer, nous avons presque anéanti un commerce qui ne le cédait
en importance qu'à celui avec les Etats-Unis, et nous avons causé un tort
et un dégoût irréparable à ceux qui étaient naturellement nos amis et nos
pratiques' Ni la Norvège ni la Suède n'avaient autre chose que du bois
etdu fer à nous donner en échange pour nos denrées, et comme nous refu-
sionsl'un et l'autre objet, elles ont étéabsolumentincapables d'importer
une seule cargaison de nos marchandises: de sorte qu'en effet nous nous
sommes exclus volontairement d'un marche oû nous vendions tous les
ans, des marchandises pour la valeur de 800,000 à un million de livres
sterling. La Prusse et la Russie, possédant des ressources plus variées,
sont encore en état de maintenir un commerce considérable avec nous;