Page 423 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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de si contraire aux intérêts d'un pays que l'impôt sur le produit des ma-
tières crues (1)."
Dans leur rapport, présenté à la Chambre des lords, le 11 juillet
1820, les membres du comité disaient que, d'après .les témoignages en-
tendus, les bois des colonies de l'Amérique du Nord étaient inférieurs en
qualité et moins propres à la construction des navires que ceux importés
des pays de la Baltique, et qu'il valait mieux encourager l'importation
de ces derniers; toutefois, afin de ne pas décourager les importateurs
canadiens, ils étaient d'avis qu'il ne fallait pas prendre des mesures
trop draconiennes envers eux. Ils conseillaient au gouvernement d'im-
poser sur les bois importés des colonies anglaises, des droits qui, en tenant
compte de la différence des tauxde transport, permettraient aux importa-
teurs canadiens de mettre leur bois sur le marché anglais, à un prix cor-
respondant à celui des importateurs des pays de la Baltique.
Les marchands anglais intéressés dans le commerce avec les colonies
de l'Amérique du Nord, prenaient naturellement partle pour les colonies.
Dans une pétition adressée à tous les membres du Parlement britanni-
que, ils leur demandaient "de ne consentir à faire aucun changement
aux droits actuels 'sur les bois de manière à donner aux étrangers de plus
grands avantages qu'ils en ont présentement, la continuation des pré-
sents droits étant également nécessaire à l'état des pétitionnaires et à
celui des colonies anglaises, aussi bien qu'à la marine anglaise, et à tous
les intérêts importants et nationaux qui en dépendent (2)".
D'un autre côté, il semblait y avoir un fort courant d'opinion parmi
le peuple anglais en faveur d'une restriction sur le commerce des bois
avec les colonies de l'Amérique du Nord. La Revue d'Edimbourg
semble refléter cette opinion dans l'article suivant que nos lecteurs liron't
peut-être avec autant d'étonnement que les souscripteurs de la Oazette
de Québec le lurent dans l'été de 1820.
"L'état de nos relations commerciales avec la Norvège, la Suède, la
Russie, la Prusse et le Danemark, est une preuve bien frappante des
effets pernicieux de notre système de monopoles. Avant l'année 1810,
nous faisions un commerce étendu et avantageux avec ces pays. En
1809, il n'y avait pas moins de 428,000 tonneaux de marine employés à
importer du bois de la Baltique, et à exporter en retour des marchandises
fabriquées et des denrées coloniales anglaises; tandis qu'en même tems
plus de la moitié du fer préparé dans la Suède trouvait un prompt débit
dans ce pays. Le peu de progrès que les nations du Nord avaient fait
dans l'industrie manufacturière, et la demande qu'un pays, situé comme
est la Grande-Bretagne, doit toujours faire des matières crues, que ces
nations possèdent en abondance, auraient, sans l'intervention du gou-
vernement, donné une très grande étendue à ces échanges mutuellement
profitables. Cependant, au lieu de les encourager et de les protéger, ou,
ce qui eut été beaucoup mieux, de les laisser à eux-mêmes, nous avons
(I) Gazelle de Québec, 24 juillet 1820.
(2) Gazelle de Québec, 25 septembre 1820.