Page 422 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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PROVINCE DE QU~BEC (1821)                         381

             L'effet de l'opération proposée par les Mimistres est précisement le
         même que celui de deux actes dont l'un révoquerait le statut par lequel
         il a été mis des droits sur le bois de la Baltique, en 1813, et dont l'autre
        créerait un revenu sur le commerce de ce même bois.   Aucun de ces deux
        actes ne donnerait sûrement lieu de se récrier que le Gouvernement
         d'Angleterre se proposerait de violer l'engagement que l'Empire a pris
         envers les Colonies de ne les point taxer.
             Le pays n'est réellement point intéressé dans l'opération que le Gou-
         vernement d'Angleterre se propose de faire, puisque, comme on l'avoue,
         le commerce de bois ne lui est pas avantageux.    Les Marchands et les
        ouvriers qu'ils employent, peuvent avoir intérê't qu'il soit pris des pré-
         cautions pour que la mesure proposée ne leur soit pas préjudiciable.  Ne
        serait-il pas mieux pur la Chambre d'Assemblée de laisser faire les Mar-
        chands, que de risquer de se compromettre en se mêlant de cette affaire...
        Ou bien si le commerce du bois paraît être avantageux au pays, ne serait-il
        pas mieux de s'en tenir à ce point, et de prier tout simplement le Parle-
        ment Impérial de lui continuer ce commerce, quoiqu'onéreux à l'Angle-
        terre, sans mettre ridiculement en question les engagemens pris par la
        Grande-Bretagne de ne pas taxer ses colonies, et montrer tant de chaleur
        avec si peu d'intelligence sur cette matière.
             La Chambre d'Assemblée devrait se tenÏi' en garde contre ses Ora-
        teurs, qui quelques fois s'occupent plus de montrer leur héroïsme, et de
        ressembler à de grands hommes d'Etat, par de grands discours dans les-
        quels les interêts des quatre parties du monde semblent être en danger,
        qu'à se faire des notions justes des choses les plus simples.
             A voir les débats, ne dirait-on pas que le Gouvernement d'Angle-
        terre va être aux prises avec ses colonies'?    N'est-ce pas une vraie
        pitié'?  (1)."
             Les membres du Cabinet britannique étaient bien dé,cidés de s'en
        tenir à la politique commerciale du temps; il fallait protéger avant tout
        la métropole.   Le 26 mai 1820, à la Chambre des lords, le marquis de
        Lansdowne, en proposant de nommer un comité pour faire des recherches
        sur l'état du commerce extérieur du pays, disait: liIl se présente un autre
        sujet, sur lequel je n'ignore pas qu'il existe une grande différence d'opi-
        nions: je veux dire l'état du commerce, et, plus particulièremënt, l'im-
        pôt sur les bois.  On ne saurait nier, selon moi, que cet impôt n'a été ori-
        ginairement accompagné d'aucune assurance qu'il ne devait pas être
        considéré comme permanent, mais comme un système temporaire, adopté,
        dans le principe, en vue du revenu qu'il produirait à l'Etat.    Il faut
        avouer que, par cela même que les vaisseaux employés au transport des
        bois du Canada sont anglais, l'intérêt de ceux qui font ce commerce a
        droit à quelque préférence, quand même, dans cette préférence, il fau-
        drait dévier quelquefois d'un principe général: mais autre chose est d'ad-
        mettre la nécessité d'une considération si puissante, et autre chose de la
        porter à une extrême préjudiciable au pays: or, j'ose dire qu'il n'y a rien


            (I) Gazette de Q!>él,ec, 26 février.
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