Page 419 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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378 LA COLONISATION DE LA
législatif sanctionna le bill des estimations pour 1823, en déclarant qu'il
agissait ainsi "à cause des circonstances où se trouvait la province";
mais qu'il refuserait son concours à un bill semblable dans l'avenir.
La banqueroute du receveur général, John Caldwell, en effet, qui venait
d'être connue, allait faire voir au grand jour le désordre existant dans
les comptes publics, et combien étaient légitimes les revendications des
députés lorsqu'ils demandaient qu'on laissât. à la Chambre d'assemblée,
le contrôle des finances de la ptovince.
CHAPITRE III
LE COMMERCE DU.BOIS
La dépression commerciale qui s'était fait sentir en Angleterre après
les guerres napoléoniennes eut aussi son contre-coup dans les colonies
anglaises de l'Amérique du Nord. Les Actes de navigation avaient été
r nforcées après la conclusion de la paix, en 1815; les colonies restaient
toujours à la merci de la métropole pour leur commerce; leurs ports
n'étaient ouverts qu'aux seuls navires britanniques, et les produits qu'el-
les exportaient ne devaient être expédiés que dans des ports anglais.
Cependant, les provinces du Canada restaient libres de réglementer leur
commerce intérieur avec les Etats-Unis. Après la guerre américaine, les
lois qui permettaient l'entrée en franchise dans la province de Québec
de certains produits et articles américains, tels que la farine, la potasse,
le bois de commerce, le beurre, le fromage, etc, furent remises en Yigueur;
et les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le Bas-Canada se
rétablirent rapidement. Parmi ces produits américains, plusieurs cepen-
dant ne faisaient que passer par les ports de Québec et de Montréal;
les farines et les bois de commerce, par exemple, étaient chargés immé-
diatement sur les vaisseaux en destination de l'Angleterre. Malgré tout,
la province de Québec retirait de grands avantages de ce négoce, qui
donnait de l'emploi à des milliers de bras, et augmentait considérable-
ment le chiffre de ses exportations. Les lois dites "Corn Laws", pro-
hibant l'entrée en Angleterre des farines venant des colonies de l'Amé-
rique du Nord, portèrent un premier coup à cette activité commerciale;
un second coup, plus terrible encore, lui serait porté par les restric-
tions que la métropole allait établir sur l'importation des bois de cons-
truction.
Ces bois étaient toujours le grand article d'exportat~on de la pro-
vince de Québec. Pendant les années qui précédèrent la guerre aYec les
Etats-Unis ce commerce prit un développement considérable. L'An-
gleterre, prévoyant qu'avant longtemps elle ne pourrait plus tirer de·
Etats-Unis les bois dont elle avait ,besoin pour la construction des yais-
seaux de guerre et des navires de la marine marchande, demanda à ses
colonies de l'Amérique du Nord de les lui fournir; elle enleva presque tous