Page 421 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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380 LA COLONISATION DE LA
Ce correspondant commençait d'abord par prouver que le com-
merce du bois n'était pas avantageux pour le pays.
"Les bras qui sont engagés à bûcher ce bois, disait-il, à le transporter,
en un mot, toute la main d'œuvre y gagne, il est vrai, sa subsistance; mais
ces mêmes bras employés à l'agriculture, gagneraient également leur
subsistance, et de plus étendraient les défrichements qui augmenteraient
la valeur du sol, qui est le vrai capital du pays.
Il est vrai que les marchands qui ont sorti des capitaux et fait des
avances pour ce Commerce, souffriraient s'il était ôté tout à coup avant
qu'ils eussent le tems de retirer leurs capitaux, il est vrai surtout que les
ouvriers qui y sont employés et qui en tirent leur subsistance, souffri-
raient pareillement par cette interruption subite, en un mot il est vrai
que tous les inconvénients qui ont coutume de résulter de l'interruption
subite d'une branche de manufacture ou de commerce, se feraient sentir;
mais ce n'est pas là une raison de continuer un commerce désavantageux;
c'en est une seulement de prendre les précautions nécessaires pour que
l'interruption ne soit pas subite et pour qu'on puisse la prévoir d'avance
et avoir le temps de s'y préparer. Quant aux établissements, aux Quais,
aux Moulins, etc., que des spéculateurs auraient fait bâtir, il n'est pas
possible d'y remedier; c'est un accident auquel les capitalistes ont bien
voulu s'exposer dans l'espérance de faire un gain plus considérable; per-
sonne ne leur avait promis la durée de ce commerce. La cause qui y
a donné lieu n'étant que momentanée, ils ont dû s'attendre qu'après
qu'elle serait cessée, ce commerce auquel elle avait donné lieu pourrait
cesser aussi. Les spéculations des particuliers ne doivent pas déranger
les opérationsdu Gouvernement, pas plus que nous voyons qu'ellesdéran-
gent les opérations de la Providence. Les Gouvernemens seraient bien
vite paralisés si ils se réglaient sur les spéculations plus ou moins pru-
dentes des individus."
Mais ce n'est pas sur ces points que roulent les débats, ajoutait
l'auteur de l'article, on veut faire croire que le gouvernement d'Angle-
terre n l'intention de taxer les colonies, en mettant sur les bois importés
des colonies, les mêmes droits que sur ceux importés des ports de la Bal-
tique; c'est là qu'est la méprise. Ce que veut la métropole, c'est tout
simplement se créer un revenu en faisant repasser le commerce du bois
à la Baltique.
"Lorsque l'Angleterre veut créer un revenu sur une branche de
commerce qu'elle fait avec un pays, elle est obligée de mettre les mêmes
droits sur les articles de ce commerce qui peuvent venir des autres pays;
si elle ne faisait pas cela, il arriverait qu'on achèterait les articles de ces
autres pays, sur lesquels il n'y aurait point de droit, et le commerce, au
lieu de donner un revenu, changerait de place.
L'imposition de ces droits par rapport à ces autres pays, n'est qu'un
pur règlement de commerce qui ne les intéresse point, et ne change rien
à leur situation.
Lorsqu'au contraire l'Angleterre veut faire changer un commerce de
place, elle met un impôt sur les articles du pays d'où elle veut l'ôter, sans
en mettre sur les articles de celui à qui elle veut le donner.