Page 420 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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les droits imposés jusque-là sur les bois importés de ses colonies, et aug-
menta, en 1809, ceux imposés sur les bois venant de la Suède et de la Nor-
vège. Le résultat qu'on espérait de cette nouvelle politique ne se fit pas
attendre; la Grande-Bretagne fut littéralement envahie par les bois
expédiés'des ports de la province de Québec, du Nouveau-Brunswick
et de la Nouvelle-Ecosse. En 1811, au seul port de Québec, 532 navires
chargèrent pour être transportés en Angleterre, 34741 morceaux de bois
de chêne, ~58575 morceaux de bois de pin, 141 morceaux de bois de noyer
et d'érable, 5087 mâts et beauprés, 3325 espars en pin, 6058 barres d'ans-
pecs, 396674 madriers et planches, 2,330,842 douves et fonds, 65285
bouts de douves, 21,565 paires de rames, 222,236 paquets de lattes, et
192,170 cercles de baril.
Le contre-coup de la guerre américaine amena une diminution con-
sidérable dans le chiffre des exportations de la province de Québec, et
cette baisse se continua pendant les années qui suivirent. L'exporta-
tion du bois, comme celle des autres articles, déclina considérablement.
Ainsi, en 1815, les chiffres des bois de construction expédiés de Québec
sont les suivants: 5301 morceaux de bois de chêne, 14,093 morceaux de
bois de pin, 488 morceaux de bois de noyer et d'érable, 1094 mâts et
beauprés, 2388 espars de pin, 287{) barres d'anspecs, 190,567 madriers et
planches, 1,044,328 douves et fonds, 30,402 bouts de douves, 2,770 paires
de rames, 167,389 paquets de lattes et 152,200 bardeaux. Comme on
le voit, c'est déjà un déficit important sur les chiffres que nous avons
donnés pour l'année 1811.
En 1817, le gouvernement de la métropole annonça aux gouverne-
ments coloniaux qu'à l'expiration, en 1820, de l'acte qui accordait des
droits préférentiels sur les bois importés des colonies, son intention était
de faire disparaître cette préférence, et de charger, pour l'entrée, en Angle-
terre, des bois des colonies, les droits qu'elle chargeait, depuis 1813, sur
les bois venant des pays de la Baltique.
L'émoi fut grand à Québec lorsque la chose fut divulguée. Les pro-
priétaires de moulins à scies, les constructeurs de navires, tOUR les gens
engagés dans le commerce du bois crièrent à la ruine du pays.
Les membres du Conileil législatif et de la Chambre d'assemblée
préparèrent conjointement ùGe adresse au prince régent, dans laquelle
ils lui représentaient l'état de marasme où se trouvait le commerce du
Bas-Canada, depuis la dernière guerre, et lui annonçaient que la mesure
proposée par le gouvernement impérial, si elle était adoptée, causerait
une profonde perturbation dans tout le pays. (1) M. L.-J. Papineau
prononça à cette occasion un disco un véhément, où il déplorait la dupli-
cité du gouvernement de la métropole, qui violait, disait-il, l'engagement
qu'il avait pris de ne pas taxer les colonies. (2)
Un correspondant de la Gazette de Québec demontra à M. Papi-
neau qu'il se trompait.
(1) Le duc de Richmond Il. Bathurst, 2 juin 1810. Arc. Cano Q. 152-1, 206.
(2) Gazette de Québec, 11 février 1818.