Page 99 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 99

84              LA COLONISATION DANS QU~BEC
              croire que l'on pourrait obvier à la disette dans une large mesure au
              moyen de la culture de la pomme de terre.
                   Ils voudront bien s'informer si ce tubercule existe en Canada et dans
              ce cas, devront pousser les habitants à le cultiver; ils feront en sorte
              cependant que cette culture ne nuise à celle des blés et ne conduise
              insensiblement le paysan à la paresse.  Le ministre ajoutait qu'il valait
              mieux ne pas faire connaître cette plante aux sauvages.
                   Vaudreuil et Bigot répondirent que la pomme de terre était connue
              au Canada, mais que personne jusques là ne l'avait cultivée; dans les
              circonstances pénibles où se trouvait la colonie, il serait très à propos
              d'introduire cette nouvelle culture dans le pays; elle serait très profi-
              table, disent-ils, au peuple qui manque de pain et meurt de faim. (1).

                                           Les Pêcheries.

                  Il y a longtemps que l'on connaît l'étonnante richesse des eaux du
              golfe et du fleuve Saint-Laurent; elles abondent en poissons, cétacés
              de toutes espèces.
                   U La pêche, dit Charlevoix, pourrait bien plus enrichir le Canada,
              que la chasse et on n'y dépend point des sauvages.     Deux raisons de
              s'y appliquer qui n'ont pourtant pu jusqu'ici engager nos colons à en faire
              le principal objet de leur commerce".   Ce qui empêchait les Canadiens
              de se livrer à ce commerce, c'était surtout le manqlie de fonds (3).
                  La pêche à la morue attirait chaque année grand nombre de vais-
              seauxfrançais dansle golfe Saint-Laurent. Dès 1672, Pierre Denis, sieur de
              la Ronde avait établi à l'Ile Percée un poste important pour se iivrer
              à cette pêche.  Ce poste fut détruit en 1690 par Phipps (4).   En 1688,
              le sieur Denis Riverin, marchand de Québec, qui s'était fait concéder
              une certaine étendue de terrain au Cap-Chat, sur la côte de Gaspé,
              établit un poste de pêche sédentaire à Matane.  L'entreprise fut bientôt
              abandonnée; il essaya de nouveau de se fixer au Mont-Louis en 1697,
              et pour se procurer des fonds, s'adressa aux sieurs Barolet et Magneur
              de Paris; "mais ceux-ci, dit Charlevoix, voulant receuillir avant que la
              moisson fut mûre, leur impatience fit avorter tous les projets" (5).
                  En somme, à venir jusqu'à la conquête, les Canadiens se contente-
             ront d'envoyer chaque année, pendant la belle saison, quelques vais-
             seaux qui fréquenteront les bancs de morue et retourneront àl'automne
             au port de Québec.              .
                  La pêche qui semble le mieux réussir aux Canadiens est celle des
             marsouins.   Ces amphibies foisonnent dans le fleuve.    Charlevoix en a
             vu plusieurs prendre leurs ébats devant Québec; il ajoute qu'ils ne
             montent guère plus haut que cette ville (6).

                  (1) Il est à remarquer, que la pomme de terre, quoique connue depuis longtemps en Allemagne'
             en Suisse, en Irlande, ne fut réellement introduite en France, qu'en 1771, par Parmentier, qui eut à.
             vaincre Une forte opposition de la part du public français.
                  (2) A. C. G. B., 8 aoflt 1758.  Vol. 103.  Fol.3.
                  ! 4 Les Pêcheries de la Province de Québec, par E. T. D. Chambers, p. 38, et seq.
                  3~ Journal d'un voyage dans l'Amérique Septemtrionale 1744, p, 143.
                   5 Histoire et description de la Nouvelle-France, Tome J, 1744, p. 539.
                   6) Journal historique d'un voyage en Amérique 1744, p. 147.
   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104