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82 LA COLONISATION DANS QUÉBEC
forêts, les mines, les pêcheries pouvaient devenir une source preCIeuse
de revenus; il ne s'agissait que de faire valoir toutes ces richesses.
Talon s'y était employé pendant les quelques années de son inten-
dance (1665-1672) et l'on avait vu règner alors sur les rives du St-Lau-
rent et dans le hâvre de Québec, une activité qui ne devait renaître
qu'après la paix d'Utrecht. Les intendants Bégon et Hocquart allaient
être les instigateurs de ce mouvement de renaissance commerciale et
industrielle.
Les Céréales.
Naturellement on encourage avant tout la culture des céréales.
Le recensement de 1719 donne comme résultat des récoltes de l'année
234,566 boisseaux de blé, 50,416 boisseaux d'avoine et 46,408 boisseaux
de pois (1). Le recensement de 1734 donne 737,892 boisseaux de blé,
163,988 boisseaux d'avoine, 63,549 boisseaux de pois et 3,462 boisseaux
d'orge. (2).
En 1719,il y a 76 moulins à farine dans la colonie, il yen a 118 en 1734.
Dans les bonnes années, la récolte de blé dépasse la consommation
annuelle; l'on exporte des farines aux Antilles et surtout à l'Ile Royale.
Beauharnois et Hocquart annoncent au ministre en 1731, que le com-
merce du blé avec l'Ile Royale prend de l'importance. On y a expédié
cette année 700 quintaux de fleur de farine et 537 quintaux de pois
blancs. Ils ajoutent que les habitants de l'Ile Royale se plaignent de
la mauvaise qualité des farines que l'on envoie; "cela provient, disent-ils,
de ce que les blés de ce pays sont fort sales parce que l'on est pas dans
l'usage de les cribler et que l'on n'a pas même les instruments nécessaires
pour le faire" (3).
A leur requête le roi envoie en 1732 six cribles cylindriques qui sont
distribués à divers propriétaires de moulins à farine dans le gouverne-
ment de Québec, et en 1733 quatre autres destinés au gouvernement de
Montréal sont expédiés. On défend aux propriétaires de moulins et à
leurs meuniers de moudre du blé non criblé, à peine de cent livres
d'amende et du double en cas de récidive. (4).
D'après un arrêt du roi, afin d'éviter toute fraude, les quarts' de
farine expédiés de Québec à l'Ile Royale ou ailleurs seront marqués
aux deux bouts (5). Toujours est-il que l'exportation des farines cana-
diennes à l'Ile Royale et aux Antilles se fait avec succès jusqu'aux der-
nières années du régime français.
Le Chanvre.
Le chanvre réussissait parfaitement. C'était une culture que Talon
avait fortement encouragée et qui se continue après son départ. En
1721, on le paie aux magasins du roi 60 livres du quintal (6).
(1~ Recens. du Canada, Vol. IV, p. 52.
(2 Op. Cit., p. 57.
(3 A. C. G., 15 octobre 1731, Vol. 55, Fol. 249.
~ 5) A. C., Reg. Dep. 1732. Règlement pour les farines du Canada, Vol. 57. Fol. 733Y2.
4) Arrêt et Ordonnances, Vol. 2, pp. 352 et 363.
Fol. 58872.
Vol. 44.
6) Le Conseil de Marine à M. de Bégon, 14 juin 1721.