Page 102 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE 87
affaires vont mal, et en 1743,les associés remettent au roi leurs privilèges;
ils doivent au Trésor la somme de 192,692 livres (1).
Le premier de mai 1743, les Forges sont réunies au domaine royal
(2). Ce que deviennent les forges exploitées au nom et au profit du roi,
les documents des dernières années du régime français, nous l'apprennent,
elles fournissent le fer pour l'équipement des vaisseaux du roi construits
à Québec, pour les industries de la colonie; bon an, mal an, les recettes et
les dépenses s'équilibrent. Franquet qui visita l'établissement en 1753
en donne une description intéressante (3). Tout de même il ne peut
s'empêcher d'avouer que l'exploitation des Forges est une charge onéreuse
pour le roi (4).
Bois.-Construction des vaisseaux.
La forêt qui couvre la plus grande partie de la Nouvelle-France est
encore sa principale richesse. Seulement les Canadiens ne semblent pas
presser d'aller puiser à ce trésor. L'on se contente d'en tirer du bois de
chauffage, de quoi à bâtir sa maison, clore ses champs et c'est tout.
Les plus belles essences: le chêne, l'orme, le frêne, l'érable, le pin,
l'épinette sont impitoyablement brûlées dans le défrichement.
C'est encore Talon qui prendra les devants, il sera "le pionnier de la
construction des navires en ce pays" (5). Dès s'on arrivée à Québec, il
écrit à Colbert (6). "Je juge qu'on pourra quelque jour bâtir ici des
vaisseaux propres à la navigation, lors particulièrement que nous serons
plus avancés vers le sud où les arbres sont d'une belle venue et où les
chênes sont moins rares qu'ici".
Dès l'été de 1666, il fait construire un navire de 120 tonneaux (7).
A son retour de France en 1670, il oblige les seigneurs à réserver, pour la
construction des navires, les chênes qui pourront se trouver dans l'éten-
due des concessions qu'ils feront à leurs censitaires. L'année suivante,
il a sur les chantiers un navire de 400 tonneaux, (8).
La construction des vaisseaux est abandonnée après le départ de
Talon. Les deux intendants Raudot essaient de restaurer cette indus-
trie, mais leurs efforts se heurtent à un obstacle insurmontable: le man-
que de ressources dans la colonie (9).
L'on continue tout de même l'exploitation de la forêt pour en
tirer des bois de commerce que l'on expédie en France. En 1688, le
sieur Hazeur, négociant de Québec, a deux moulins à scie, établis dans
sa seigneurie de la Malbaie. De même les messieurs du Séminaire de
(1) A. C. Reg. Dep., 30 avril 1743. Vol. 76. Fol. 48.
(2) A. C. Reg. Dep. Vol. 76. Fol. 51.
(3) Voyages et Mémoires sur le Canada. Manuscrit des Archives' provinciales.
(4) Op. Cit.,
(5) Jean Talon. M. Chapais, p. 90.
(6) Mémoire de Talon au ministre sur la situation du Canada. A. C. G. S. Vol. II. Fol. 150.
(7) Talon au roi. 11 novembre 1666. A. C. G. S. Vol. II. Fol. 216.
(8) Mémoire de Talon à Colbert, sur le Canada, 11 novembre 1671, A. C. G. S. Vol. III.
Fol. 172.
(9) "II est vrai que les habitants de cette colonie et la plupart des négociants domiciliés se
portent naturellement à la construction, mais la main-d'œuvre y est si cher et les habitants si peu
opulents qu'ils peuvent pas faire de grandes entreprises". Beauharnois et Hocquart au ministre,
25 octoLre 1729. A. C. G. S. Vol. 51. Fol. 15.