Page 104 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 104
SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE 89
-de l'Ermitage de St-Roch; "il s'y trouve, dit-il, 18 ou 20 pieds d'eau dans
les grandes mers ordinaires, qui est un fond suffisant pour y construire
les plus gros vaisseaux" (1).
Le roi se décide enfin à faire quelque chose pour encourager les par-
ticuliers qui font les frais de la construction des vaisseaux au pays;
il accorde une gratification de 500 livres pour chaque vaisseau de 200
tonneaux qui sera construit, 150 livres pour chaque bateau de 30 jusqu'à
60 tonneaux et 200 livres pour ceux de 60 tonneaux jusqu'à 100 (2).
La gratification provoque un réveil soudain. Il y a de suite aug-
mentation considérable dans la construction des vaisseaux marchands.
Dix navires sont construits en 1732; onze en 1733 (3).
De longs trains de bois réuni en cages, bordages de chêne, pièces de
mâture de pin, descendaient à Québec et venaient s'échouer à l'entrée
de la rivière St-Charles. L'abbé Louis Lepage de Sainte-Claire, sei-
gneur de Terrebonne, fournissait la plus grande partie de ces bois (4);
il avait bâti des moulins dans'sa seigneurie et se livrait avec un grand
zèle à l'exploitation des forêts de son domaine.
Il avait même préparé un long mémoire sur la construction des
navires, que Hocquart adressa au ministre, l'accompagnant d'une lettre
·où il parle en termes très élogieux de l'abbé Lepage de Sainte-Claire (5).
L'on pouvait maintenant se dispenser de faire venir de France ce
·qui était requis pour l'équipement des navires, les forges de St-Maurice
fournissaient le fer, du chanvre qu'on récoltait ou fabriquait des
cordages solides; de la forêt on retirait un autre produit qui joue un rôle
important dans la construction des vaisseaux: les brais et les goudrons.
Des fournaux pour la fabrication de ces produits avaient été établis à
Berthier, (6) à Kamouraska, à la Baie St-Paul, à Chambly (7). Ils
fournissaient une marchandise de première qualité.
Rien de surprenant si au cours de ces années, la construction des
navires à Québec, prend de merveilleux développements.
En 1739, Hocquart voit ses efforts couronnés de succès, le roi lui
.apprend (8) qu'il fera construire à Québec pour son compte une flûte de
.500 tonneaux, le sieur Néré LeVasseur, sous-constructeur, sera chargé
de la direction des chantiers; si le succès de cette construction répond
.aux espérances, le roi fera entreprendre d'autres corvettes d'un plus fort
tonnage. M. Hocquart exulte; avec quel intérêt il suit les progrès de la
<lonstruction de cette première frégate. Aussi les bois les plus précieux
(1) A. C. G. B.. 1731. Vol. 55. Fol. 19.
(2) Mémoire du roi à. Beauharnais et Hocquart, 8 mai 1731. A. C. Reg. Dep. Vol. 55.
Fol. 521Y2.
(3) Mémoire du roi à. MM. Beauharnais et Hocquart, 12 mai 1733. Vol. 58. Fol. 470Y2.
(4) Le sieur abbé Lepage a livré au commencement d'octobre les bordages et les planches
qu'il est tenu de fournir en exécution de son marché. Ils ont été tirés à. terre et mis derrière le Palais.
Ils sont bien travaillés et de bonne qualité. 3ème série. Vol. XI. (Hocquart à M. de Maurepas).
25 octobre 1729. A. C. C. G. Vol. 51. Fol. 276.
(5) 25 octobre 1730, A. C. C. G. Vol. 52. Fol. 181 à 188.
(6) Le ministre à M. de Beauharnoir, 22 avril 1737 R. D. Vol. 65. Fol. 409Y2.
(7) Le ministre à Hocquart. 14 avril 1738. Vol. 68. Fol. 7.
(8) Mémoire du roi à. M. Hocquart, 1er mai 1739. Vol. 68. Fol. 34.