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80             LA COLONISATION DANS QUEBEC

              davantage l'aspect d'un village bâti sur une seùle rue se prolongeant.
              indéfiniment".
                                          Le paysan canadien

                  En général l'habitant vit avec aisance.   Montcalm le remarque en
              mettant le pied sur le sol canadien.   "La côte, dit-il dep"uis l'endroit
              où j'ai débarqué (St-Joachim) m'a paru bien cultivée, les paysans très
              à leur aise, vivant comme de petits gentilshommes de France, ayant
              chacun deux ou trois arpents de terre sur trente de profondeur" (1).
              Franquet renchérit; étant à Lavaltrie, un dimanche, il assiste à la grand'-
              messe "en avant du portail de l'église, dit-il, étaient plusieurs chevaux
              attachés à des piquets équarris.   Curieux de savoir à qui ces chevaux
              appartenaient, on répondit qu'ils étaient aux fistons des paroisses, que
              chacun d'eux y entretenaient son piquet, qu'on nommait tels les jeunes
              qui, dans leur accoutrement, portaient une bourse aux cheveux, un
              chapeau brodé, une chemise à manchettes et des mitasses aux jambes
              et avaient dans cette équipage le droit de conduire en croupe leurs
              fiancées à l'église" (2).   Peu économe     le  canadien travaille sans
              amasser du bien.    Tout de même c'est une race forte qui grandit sur
              les bords du St-Laurent.     "Les Canadiens, dit Hocquart, sont géné-
              ralement grands, bien faits, d'un tempérament vigoureux, la nécessité
              les a rendus industrieux de génération en génération, les habitants
              font eux-mêmes la plupart des outils et des ustensils de labour, bâtis-
              sent leurs maisons, leurs granges, etc.  Ils sont intéressés, vindicatifs,
              sujets à l'ivrognerie, font un grand usage d'eau-de-vie, passent pour
              n'être pas véridiques" (3).
                   Kahn trouve les femmes canadiennes "jolies, bien élevées et vertueu-
              ses; elles ont, dit-il, un laisser-aller qui charme par son innocence même
              et prévient en leur faveur" (4).    Hocquart note "qu'elles sont spiri-
              tuelles, ce qui leur donne de la supériorité sur les hommes dans presque
              tous les états.  Toutes aiment la parure et il n'y a pas de distinction de
              ce côté là entre la femme d'un petit bourgeois et celle d'un gentilhomme
              et d'un officier" (5).
                   Franquet fait une remarque qui garde encore son caractère d'actua-
              lité. "Une jeune fille instruite, dit-il, fait la demoiselle, elle est maniérée,
              elle veut prendre un établissement à la ville; il lui faut un négociant
              et elle regarde au-dessous d'elle l'état dans lequel elle est née, mon avis
              serait d'obliger les enfants à se contenter de l'instruction de leur curé
              pour la religion et de ne prendre aucuns principes qui les détournent du
              travail de leur père.  Par ce moyen les habitations augmenteront au
              lieu de diminuer et la culture des terres se poussera avec plus de vigueur."
              (6).
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                   (t)-Journal de Montcalm, p. 63.
                   (2)-Voyages et mémoires de Franquet sur le Canada, p. 26.
                   (3)-Hocquart au ministre Vol. 67, fol. 76. cité par Jos. Marmette dans le rapporL sur les
              archives canadiennes de 1886.  p. XXXIV.
                   (4)-Kalm, op. c. pp. 42-43.
                   (5)-Loc. cit. p. XXXV.
                   (6)-Franquet. Loc. cit. pp. 7 et 8.
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