Page 74 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Le cousin en profita pour intervenir :
-En t'écoutant, j'ai quasiment regretté de m'en être allé à
Montréal !
-C'était trop beau pour durer.
- Pourquoi ?
- Une suite d'événements imprévisibles.
Louis-Philippe expliqua.
Dans les campagnes, à cette époque, les activités collectives
étaient fort émiettées. Chaque rang avait son école, chaque paroisse
avait son moulin, sa fabrique de beurre. Un jour, pour des raisons
d'efficacité, le ministère de l'Agriculture décida de remplacer les
petites beurreries par une grande fabrique régionale. Quelques
années plus tard, pour des raisons à peu près semblables, on devait
fermer les écoles du rang et transporter les enfants, d'abord à l'école
du village, et ensuite, de plus en plus loin.
Pour les producteurs de lait de Terre-Haute, la distance à
parcourir pour le transport fut presque décuplée. A cet inconvénient,
vinrent s'ajouter des conflits sur les redevances. Petit à petit, les
cultivateurs cessèrent de renouveler leurs troupeaux ; plusieurs ven-
dirent leurs meilleures vaches. Après quelques années, il ne restait
plus sur la montagne que les animaux nécessaires à l'alimentation
de la famille. On vit même d'anciens fermiers prospères réduits à
acheter du lait d'un voisin.
Le déclin de Terre-Haute était commencé.
Alors que Louis-Philippe s'était arrêté dans son récit, Honoré
intervint :
- Qu'eske qui s'est passé pour le moulin ?
-Une autre histoire pas tellement gaie, répondit Louis-Phi-
lippe. C'était en 1952 ...
La sonnerie du téléphone lui coupa la parole. Voyant que son
mari ne bougeait pas, Marie se leva pour répondre.
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