Page 69 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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On était entre chien ct loup quand ils revinrent à la maison.
Honoré était emballé par ce travail d'équipe. Il eut cette réflexion :
- J'comprends pus rien. A les voir travailler, on dirait jamais
que l'pays est décompté !
Depuis son arrivée, le Montréalais n'avait cessé de harceler
son cousin de questions sur le passé de Terre-Haute. Jusqu'ici,
Louis-Philippe ne lui avait fourni que des bribes de réponse. Aussi,
tout en se préparant pour le souper, il lui vint à l'esprit qu'il n'avait
plus qu'une soirée pour satisfaire à cette curiosité.
Les deux hommes mangèrent avec un appétit de glouton. Au
sortir de table, ils s'installèrent confortablement pour fumer, le cita-
din son cigare, le paysan, sa pipe. Aprks quelques minutes de
détente, Louis-Philippe dit à son hôte :
-Si ça t'ennuie pas, on prendra les nouvelles A la fin de la
veillée : c'est presque toujours la répétition de celles du télé-journal
de six heures et demie.
Comme le cousin ne manifestait pas tellement d'intérêt pour
cetie émission de télévision, il continua :
-J'aurai plus de temps pour répondre aux questions que tu
brûles de me poser.
Sans plus attendre, Honoré lança celle qui le chicotait depuis
son arrivée - c'est la question qui hante les hauteurs depuis long-
temps - et qu'il n'avait pas encore osé soulever devant ses hôtes :
-Tu crois pas que ça été une erreur de coloniser ce canton ?
-Une erreur ! répliqua Louis-Philippe visiblement agacé, c'est
facile à dire aujourd'hui. Pour ceux qui sont venus en 1930 et les
années suivantes, c'était peut-être le seul moyen de manger trois repas
par jour, et d'être libres. Faut die que les terres planches, ça ne
pleut pas dans le pays.