Page 77 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-On vous amène de la grand' visite, dit Marie joyeusement
en s'essuyant les pieds sur le paillasson fait d'un tressage de guenilles
multicolores. Vous le connaissez ?
Aprks avoir placé sur la table de formica le journal qu'elle
tenait à la main, Louise avait pris l'une de ses poses familières qui
lui donnent un air espiègle et font oublier qu'elle est grand'mère.
Puis, de ses grands yeux ardoise, elle examina effrontément le com-
pagnon de Marie et Louis-Philippe.
-C'est un monsieur de la ville, y a aucune doute. Il n'a pas
la peau tanée par le vent et la pluie comme les hommes de par icitte.
Il a les yeux et le nez de quelqu'un de La Morendière, mais je
pourrais pas due ...
filoi intervint :
- J'crois que j'ai trouvé ! Ça serait pas le cousin à Phlippe,
le frère d'Arthur Landry de La Morendière ?
Pendant qu'Honoré et Éloi cherchaient à trouver le moment et
l'endroit où ils s'étaient vus la dernière fois, Louise dit aux visiteurs :
-Ne restez pas plantés là ! Dégreyez-vous et faites comme
chez vous.
Puis, tout en plaçant le manteau de Marie dans la penderie, elle
interrogeait Honoré :
- Qu'est-ce qui vous amène à Terre-Haute à ce temps-ci de
l'année ? Y a pas tellement de belles choses à voir ...
il s'expliqua d'une façon malhabile, comme un gamin pris en
faute :
-Une idke qui m'est venue, comme ça ... L'ennui, p't'être ?
Et pis, j'avais queuqu' jours de congé.
Il continua :
-Vous parlez de choses laides à cause de l'automne. Dans la
ville, c'est laid tout l'temps. Y a les taudis, les ruelles sales et
puantes, la poussière, la fumée, le bruit. Vous autres, au moins,