Page 66 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Honoré s'était  éveillé  dès que les rideaux  de mousseline  avaient
                               commencé à tamiser  les premières  lueurs du  jour.  Pendant  quelques
                               instants,  rêve  et  réalité  se  confondirent  dans  sa  tête.  Quand  bs
                               brunies du réveil  se furent  dissipies,  il  se  tâta,  comnie  pour  vérifier
                               s'il  était  encore  vivant.  II  ne  put  retenir  un  rire  intérieur  quand  il
                               se rendit  compte  de ce geste  étrange.  Avant  de se résigner  à  s'arra-
                               cher  au lit confortable,  il  examina  tous  les  recoins  dc  cette  chambre
                               mstique  dont  les  murs  et  le  plafond  sont  faits  d'étroites  planches
                               d'épinettes parsemées de noeuds minuscules  et  luisants  de gomme.
                                    En  mettant  les  pieds  sur  la  catalogne  servant  de  descente  de
                               lit,  il jeta  un  regard  à  i'extérieur.  II  se  frotta  les  yeux'  tellement  le
                               spectacle lui semblait irrEel.  11 vit  une terre  moutonneuse  toute  per-
                               lée de frimas.  Ici et  là, quelques  bouquets  d'arbres méconnaissables
                               dans  leur  dépouillement  automnal.  Aux  alentours,  tout  était  calme
                               et  silencieux,  comme  sur  une  planète  morte.  Au-delà  des  collines
                               nues,  il  distinguait  le  tracé  irrégulier  de  la  forêt  immobile  et,  à
                               l'arrière-plan,  la crête mauve  des montagnes.
                                    Malgré cette peinture en grisaille et un  soleil encore hésitant, il
                               savourait  d'avance  les  plaisirs  d'une  journçe  de  vraie  liberté.  Au
                               même moment,  il  se rendait  compte que la  vie  existait  dans ce pays
                               étonnant.  Des  bruits  assourdis  et  intermittents  parvenaient  dc  la
                               cuisine.  II  distinguait  des  pas  de  femme  sur  le  parquet  de  bois.  Il
                               sentit qu'il  avait  faim.

                                    Sur  Ia  table  luisante,  comme  si  on  l'avait  frottée  à  la  cire
                               d'abeille,  s'étalaient  de  lourdes  assiettes  blanches,  un  pain  ventru,
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