Page 67 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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une pointe de cheddar doré et un plein plat de tranches de porc. Des
œufs, frais du matin, grésillaient dans une poêle. Louis-Philippe
était revenu de l'étable. Les manches enroulées jusqu'aux coudes,
il se lavait les mains dans l'évier de la cuisine.
Ce matin, Marie a les yeux plus limpides et il s'en échappe des
lueurs furtivcs de satisfaction. Louis-Philippe est calme comme le
paysage. En les observant, Honoré s'interrogeait :
-Est-ce que par hasard ...
Au même moment, Marie invitait les deux hommes à se mettre
à table.
-Toujours décidé à venir au bois avec moi? lança Louis-
Philippe, après avoir avalé sa dernière gorgée de café.
Sur la réponse affirmative du cousin, il lui indiqua les vête-
ments de travail que la femme avait placés sur une chaise et les bot-
tes posées sur le paillasson, près de la porte. Il lui dit ensuite, sur
un ton taquin :
-Quand tu t'seras habillé comme un vrai habitant, on par-
tira !
Après avoir changé de vêtements, Honoré s'examina de la tête
aux pieds dans le miroir de la salle de bain et il eut cette réflexion :
-Si j'passais dans Saint-Henri déguisé comme ça, on m'pren-
drait pour un lumber Jack. Faudrait ben que rapprenne queuqu'
sacres du pays !
Après cette plaisanterie, il éclata d'un rire sonore, un rire d'une
journée de soleil qui Ic surprit lui-même, tellement il y était peu
familier.
Ils furent vite rendus à la forêt. Honoré se sentait léger,
comme si une bonne fée l'eut rajcuni de vingt ans. Il était comme
ivre d'un air trop pur, des parfums qui s'exhalaient des cèdres et
des sapins, de la senteur de musc des feuilles mortes écrasées sous
les bottes. Il était surpris de l'ampleur des bruits qui semblaient se
répercuter sur les cordes d'une harpe géante : choc d'une branche
sèche qui tombe, bruissement d'un écureuil fuyant sur la mousse,