Page 62 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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II  s'arrêta  quelqucs instants, comme pour  reprendre  son  souffle.
                                Puis  il  continua  :
                                    -Quelque   temps  après  la  naissancc  de  Paul,  on  a  eu  une
                               chicane en règle.  Elle a tout cassé dans la maison et elle s'est sauvée.
                                Je l'ai  jamais  rcvuc.  J'ai  compris par  après  qu'elle  avait  tout  mani-
                               gancé.

                                    - Et les enfants, qu'est-ce qu'ils sont devenus ?
                                    - a bien  fallu quc j'les  place dans des orphelinats.  Plus tard.
                                       1
                                i  sont venus  rester  avec moi  dans un  taudis de  l'est  de  la  ville.  Par
                                après, je  m'sus  débrouillé tan[ bien  que mal.
                                    -Où   sont-ils maintenant ?

                                    -Julie   est  devenue  secrétaire  et  s'est  mariée  au  garçon  du
                               patron.  J'l'a  vois  presque  plus.  Son mari,  c'est  pas  de  not'  monde.
                                    -Et  ton  fils ?  demanda  Louis-Philippe.

                                    -Paul   a  lâché  les  études.  Tout  ce  qui  l'intéresse.  c'est  la
                               drogue, les filles, et  le  jeu  quand  i  a  d'l'argent.  Le  vrai  portrait  de
                               sa  mère.
                                    -On   peut  pas  dire  que t'as  été  chanceux !
                                    -Vous   avez  p't'être  raison  de  vous  plaindre  icitte  à  Terre-
                               Haute, continua  le  cousin.  Mais  vos  problèmes,  c'est  rien  en  équi-
                               pollent  des misères de la  ville.
                                    -Pourtant,   ça  changé depuis  quelques  années.  Les  syndicats
                               ont  obtenu  pour  les  ouvriers des  salaires plus  acceptables.
                                    -Le   malheur,  c'est  que beaucoup d'ouvriers  ne  sont pas  dans
                               les  syndicats.  Les  patrons  les  exploitent.  Et  pis,  nous  autres,  les
                               Canadiens français, on a rarement  les meilleures jobs.  Les boss  sont
                               anglais  et  i  faut  parler  leu  langue  ou  tu  te  fais crisser  à  la  porte.
                               Des  jours  que  j'me  rappelle  mon  enfance  à  La  Morendière:  l'envie
                               la liberté des animaux  de la  forét.

                                    Louis-Philippe  esquissa  un  soiirire.  Il  répondit  :
                                    -Tu   oublies  qu'y  a  des  chasseurs.  Ça  limite  terriblement  la
                               liberté !
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