Page 60 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Il  ne  dit  rien,  mais  les  traits  de  son  visage  se  contractèrent.
                               Pour  se  donner  de  la  contenance,  il  reprit  le  cigare  qui  se  consu-
                               mait  dans  le  cendrier.  Louis-Philippe  ferma  le  téléviseur,  tout  en
                               se  disant  :
                                   -Il  veut  sans  doute  poser  à  l'homme  important  devant  les
                               gens  du  pays.  À  Montréal,  œ  sont  probablement  ses  contre-
                               maîtres  qui  fument  le  cigare.

                                   Pendant  un  long moment,  on  n'entendit  plus  que le  tic-tac  de
                               la vieille pendule sur le buFfet.  Quand il  fut  suffisamment  détendu,
                               Honoré  se  leva  et  alla  éteindre  son  cigare  dans  le  grand  cendrier
                               de  terre  cuite  place  sur  un  guéridon.  Ensuite,  il  tira  une  chaise
                               droite  jusqu'à  la  table  de  cuisine  et  il  s'y  installa,  face  à  Louis-
                               Philippe.  Les yeux dans un lointain vague,  il raconta  les principales
                               épisodes de sa vie.
                                   A  l'époque  de  son  enfance,  sa  famille  vivait  maigrement  sur
                               une  terre  accidentée  et  rocailleuse,  dans  le  rang  du  Sourcier,  à  La
                               Morendière.  Dans  le  climat  d'obscurantisme  qui  prévalait,  ses
                               parents  n'avaient  pas même  songé à le faire instmire.  On acceptait
                               alors  comme  une  fatalité que  les  cours  avancés  soient  réservés  à
                               ceux dont le père, professionnel  ou commerçant, réussissait  à drainer
                               à son compte de banque le peu  d'argent  qui circulait dans la région.
                               Il enviait  un peu  Louis-Philippe  qui avait pu faire un  bout  de cours
                               classique.

                                   Lui,  il n'avait  fréquenté  que l'école  du  rang,  et  pas longtemps.
                               il y  apprit  à  lire  sans  trop  comprendre  et  à  écrire,  avec  beaucoup
                               de fautes d'orthographes,  des phrases  d'illustres  inconnus.  Jamais  il
                               n'avait  pu  exprimer  par  écrit  une  seule  idée  personnelle.  il  croit
                               se souvenu qu'il était plus fort en calcul.  N'avait-il pas émerveillé une
                               de ses tantes  en récitant sans hésitation ni  erreur  les tables de multi-
                               plication !  Un  jour,  l'institutrice  lui  avait  découvert  des  habiletés
                               manueues,  mais  il  ne  savait  comment  les  exercer.  Son  père  avait
                               bien  quelques  outils  mais,  jetés  pêle-mêle  dans  un  bric-à-brac  de
                               ferrailles, ils étaient inutilisables.
                                   Un  automne  - il  avait  alors  dix-neuf  ans  - il  &ait  monté
                               aux chantiers avec quelques jeunes gens de la paroisse.  En revenant,
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