Page 59 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Les deux hommes s'installèrent confortablement devant le
poste de telévision pour le télé-journal et le programme à'informa-
tion qui suit. II était environ sept heures quand Marie eut fini
de laver la vaisselle et de tout ranger dans la cuisine. Discrètement,
eue se retira dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, elle en
sortait portant un jersey bleu fort seyant, son manteau sur le bras.
Profitant des soixante secondes d'une réclame, elle leur dit :
-Je vous laisse entre hommes : vous serez plus à votre aise.
J'imagine que vous avez bien des choses à vous dire ...
-Tu t'es mise sur ton trente-six, s'exclama le mari. Y a pour-
tant pas de noces dans le rang !
Ignorant cette taquinerie, Marie dit calmement :
-Je m'en vais faire un bout de veillée chez Zidore Lavoie.
Ils m'ont invitée pour une partie de cinq-cents. l'en profiterai
pour emporter un livre que Berthe me prête. II vient de sa fille
qui demeure à Québec. Un recueil de nouvelles, je pense. Ça
occupera quelques veillées.
La lourde porte se referma en faisant grincer ses gonds.
Honore cessa de fumer. Il immobilisa sa berceuse et dit d'un air
songeur :
-T'es lucky d'avoir une femme comme ça, qui entretient ta
maison et qui fait si ben la couquerie. Et elle s'est ben conservée
à part ça. C'est vrai qu'icitte vous avez la bonne air des montagnes
et autre chose à manger que des canages.
Le cousin échappa un rot puissant
-Excuse-moi. Je m'rappelle pas avoir si ben mangé de toute
ma vie.
Louis-Philippe profita de l'atmosphère de confiance qui s'était
établic entre eux.
- J'voudrais pas être indiscret, fit-il, mais, d'après ce que tu
nous a raconté depuis ton arrivée, il semble que la vie à Montréal
n'a pas toujours été rose.