Page 58 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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- J'ai été slaqué pour deux mois et j'en ai profité pour v'nir
faire un tour au pays.
- a longtemps que tu es venu ?
Y
-Pas depuis la mort du père. Près de dix ans. J'étais resté
seulement trois jours.
-Ton frère, Arthur, m'a dit que tu étais dans la construction.
Tu y es toujours ?
-Toujours... À mon âge, ça commence à être dur. Lcs
foremans sont toffes, et il y a presque plus de jobs pour les menui-
siers.
Marie intervint à ce moment précis :
-Vous aurez toute la veillée pour vous raconter le passé. Si
vous le voulez bien, je vais mettre la table pendant que Louis-
Philippe ira se laver et se changer.
Une soupe aux légumes mijotait sur la cuisinière et le parfum
invitant d'un rôti de porc s'exhalait du fourneau. Honoré songeait
que le plaisir serait complet si seulement on lui offrait un apéritif.
Intuition ou télépathie ? Marie y pensa elle aussi, et. dès que son
mari fut de retour à la cuisine, elle lui demanda :
-Tu n'aurais pas quelque chose à offrir au cousin '?
Les deux hommes étaient en appétit. Longtemps ils mangèrent
en silence. Le plaisir qu'ils prenaient à vider les assiettes bien
garnies était un hommage aux talents de la maîtresse de maison.
Quand il eut mangé le dessert, une large pointe de tarte au sucre,
Honoré s'exclama :
-Y a longtemps que j'ai si ben mangé. Les restaurants de la
ville sont pitoyables et les aliments qu'on y sert, ça goûte tout pareil.
Parlez-moi du bon pain de ménage, de la vraie soupe faite à la
maison et du cochon rôti à point ! Ça fait des années ...
À ces allusions voilées, ses hôtes comprirent qu'il ne vivait
plus avec sa femme. Cela confirmait certains propos entendus au
village de La Morendière. Ils ne posèrent aucune question.