Page 57 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Quand  ils  sortirent de chez  Baptiste  Plourde,  la  brunante  était
                                   arrivée.
                                       En  s'en  retournant,  Louis-Philippe  évalua  le  travail  accompli
                                   au  cours de l'après-midi  et  il  se fit  cette réflexion :
                                       -Si   on  avait  su  travailler  en  équipe,  si  on  avait  eu  assez
                                   d'audace pour  organiser  des fermes collectives et  un  bon  système de
                                   coopératives,  peut-être  qu'on  aurait  réussi  à  sauver  Terre-Haute ?
                                   Comme  dirait  Marie  :  a Ça  fait  bien  des  si a.  Malheureusement,
                                   notre  individualisme nous  réduit  à l'esclavage.
                                       Il mminait  encore  ces  pensées quand  il  s'aperçut  qu'il  arrivait
                                   à la  maison.  Il  pensa  au  cousin  de  Montréal,  car  les  lampes  sont
                                   allumées  dans  la  cuisine.  Quand  elle  est  seule,  Marie  l'attend
                                   toujours  à la  noirceur.
                                       En entrant, Louis-Philippe  apersut  un  homme  d'un  âge impré-
                                   cis, enfoncé dans l'une des berceuses et fumant un  gros cigare d'une
                                   fason  plutôt  malhabile.  II  avait  un  crâne  dégarni,  luisant  sous  les
                                   rayons de la lampe, une moustache  noire  qui lui barrait  la  figure et,
                                   sur  une  chemise d'un vert  foncé, il portait  une  cravate  à  fleurs.  Ce
                                   visiteur était loin de ressembler  à l'image  qu'il  s'était  faite du  cousin.
                                   A  part  les  yeux  exhorbités,  il  ne  lui  trouvait  aucune  ressemblance
                                   avec ses frères.  Surpris, il ne savait  trop ce qu'il  convenait  de dire à
                                   un  parent  qui  a  l'allure  d'un  étranger.
                                       C'est  Marie qui le tira  d'embarras  :
                                       -Tas  pas  l'air  de reconnaître  ton  cousin  Honoré !
                                       -11   faut  dire  qu'on  s'est  pas  vu  souvent  depuis  le  temps  de
                                   la  petite  école.  Un  demi-siècle !
                                       S'adressant  au  visiteur  :
                                       - J'sus  content  que  tu  sois  monté  à  Terre-Haute.  Dimanche
                                   dernier  on  parlait  justement  de  ceux  qui  ont  quitté  la  Péninsule
                                   pour  tenter  leur  chance  ailleurs.  ils  sont  beaucoup  plus  nombreux
                                   que ceux qui restent.
                                       Puis, faisant  bifurquer  la conversation  :
                                       -Dis   donc,  qu'est-ce  qui  t'amène  à ce  temps-ci  de l'année ?
                                   C'est  pas  le  temps  des  vacances !
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