Page 56 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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Le froid peut venir maintenant: la chair inerte de la forêt
assurera une chaleur bienfaisante à la chair vivante des hommes.
Quand la scie se fut tue et que les haches furent appuyées
aux bûches récalcitrantes, Baptiste Plourde s'adressa au groupe de
sa voix grave :
- J'vous remercie, les gars. C'est de la bonne ouvrage. Avant
de vous en aller, passez par la maison : y a une bière qui vous
attend.
- J'sus ben d'accord, s'empressa de dire Alexis. Ça nous fera
grand bien. Y faudrait pas que vous vous sauviez avant de m'aider
à transporter les machines chez le voisin.
-Pas chez le voisin, lança Louis-Philippe. Alfred Daigle
déménage la semaine prochaine. C'est pour ça qu'on l'a pas vu cet
après-midi,
-Et le tas de billots de bois franc près de sa grange, qu'est-ce
qu'il va en faire ? s'inquiète l'un des fendeurs.
-Te fais pas de souci, mon Xavier, dit Louis Berthelot de son
sourire en coin. Le tas n'est plus là. J'ai acheté toute la pile et
j'ai tout transporté chez nous pas plus tard que vendredi et samedi
de la semaine dernière. C'est ce bois-là qu'on va scier demain !
-Y aurait pu le faire descendre. asteur qu'il est coupé, affirma
Zidore Lavoie. Ça lui aurait coûté meilleur marché que d'en acheter
à La Morendière.
-Tes pas sérieux, lui dit Alexis sur un ton badin. Tu sais
ben qu'à La Morendière aussi ben qu'à l'Anse-au-Sable, c'est fini le
chauffage au bois : ça fait de la poussière et c'est bàdrant en
grand ! Pour tout dire, c'est pas assez moderne !
-N'empêche, dit sentencieusement Pierre Babin, qu'ils s'en-
nuieront de la flamme qui pétille pis de l'odeur des bonnes bûches
d'érable et de merisier.
Louis-Philippe ajouta, en guise de conclusion :
-L'odeur écœurante du pktrole, Ca empoisonne l'air que les
hommes respirent.