Page 52 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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La météo avait annoncé de la neige. En sortant, vers sept
heures le lundi matin, Louis-Philippe huma Pair et examina l'horizon.
-Le ciel est chargé, se dit-il, mais le vent a tourné depuis
hier. Le mauvais temps ne sera pas long. De toute façon, j'peux
pas perdre la matinée si j'veux venir à bout de mon ouvrage.
II décida de ne rien changer à ses projets pour la journée.
Après le train-train matinal, il avait placé dans la camionnette une
hache et la scie mécanique, et il s'était dirigé vers la forêt. Tout
en roulant sur le chemin de ferme cahoteux, il pensait au cousin
Honoré. Cette visite imprévue l'intriguait, surtout à cette période de
l'année. 11 se rappelait - dans le temps cela ne i'avait pas frappé
- que ses frères avaient toujours parlé de lui avec réserve, avec
une certaine gêne même, comme s'il y avait un mystère dans sa vie.
Rendu à la forêt, il oublia complètement le cousin de Montréal.
Sa terre boisée couvre une superficie de plus de quatre-vingts
acres dont les trois quarts sont peuplés de résineux : épinettes blan-
ches, sapins baumiers et pins blancs. Aux yeux de Louis-Philippe,
c'est la partie la plus précieuse de sa ferme, la plus rentable les
années que le bois se vend bien. Il l'a toujours exploitée avec discer-
nement, ne coupant que les arbres rendus à maturité. Chaque prin-
temps, il la débarrassait des corps-morts ; il effardochait soigneuse-
ment la lisière qui touche ses champs, et le bord des sentiers. Quand
arrivait la saison des feux de forêt, il ne pouvait se défendre d'une
certaine inquiétude.