Page 116 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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quelques Jules Verne, le Grand Meaulnes d'Alain Fournier ... II
s'était ensuite aventuré dans des ouvrages d'auteurs québécois :
Ashini de Thériault que Pierre avait emprunté à la bibliothèque de
l'école, Menaud maître draveur de FSlix-Antoine Savard dont Anne
lui avait fait cadeau. Ce livre l'avait profondément bouleversé :
il y avait tellement de similitude entre le pays de Mainsal et celui
de Terre-Haute ...
Chaque fois qu'il se levait pour mettre une bûche dans le poêle
ou pour bourrer sa pipe, Louis-Philippe s'approchait de la fenêtre.
Immobile, il scrutait longuement les environs comme pour y décou-
vrir des signes de vie. Un mardi de fin de janvier, il vit sourdre du
chemin de traverse une automobile grise qui prit la direction de
l'est. II s'exclama, comme s'il s'agissait d'un événement important :
-Une voiture qui s'en vient par icitte. C'est la première de-
puis dimanche !
-C'est vrai, dit Marie, que la visite se fait rare depuis quelques
semaines. Personne ne monte plus d'en bas. A part Zidore qui
s'arrête quelque fois, en passant, on ne voit plus personne. Si ce
n'était des enfants qui sortent chaque matin pour prendre l'autobus
scolaire, on croirait que tous les habitants de Terre-Haute se sont
encabanés, comme les ours.
Quand la voiture s'engagea dans l'entrée, Louis-Philippe recon-
nut Baptiste Plourde et sa femme. Pour qu'ils viennent tous les
deux, ensemble, en plein après-midi, il fallait que ce fût pour une
raison sérieuse. C'est connu que le mari préfère fréquenter certaines
personnes de l'Anse-au-Sable, et sans sa Léonie, évideniment !
-Y a pas de doute que vous vous demandez c'qui nous amène
comme ça, dit le visiteur avant même d'accepter l'invitation de
s'asseoir.
Et il continua du même souffle.
-On vient vous dire qu'on a décidé de partir drès-là.
Louis-Philippe ne put retenir une exclamation de détresse :
-Quoi ! Vous autres aussi ! l'aurais jamais cru ...