Page 113 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-Peut-être. Faudrait la trouver. Comme t'as pu t'en rendre
compte, le pauvre type n'a pas été gâté du côté de l'intelligence.
J'sus quand même certain que, sous la surveillance de personnes
compréhensives, il pourrair se rendre utile.
-II doit y avoir des institutions pour ces dépourvus de l'intel-
ligence ?
-Peut-être bien. Sûrement pas ici dans la Péninsule. Comme
pour bien d'autres choses, il faut aller à quatre ou cinq cents milles.
Demain après-midi, je le descendrai chez son frère, au village de
La Morendière. J'ai l'intention d'aller voir le curé pour qu'il aide
à Ic placer quelque part.
-Et son chat ?
-Mort. II a fini par acccpter dc le jeter dehors, par la fenê-
tre de la salle de bains.
Le Premier de l'An fut fêté sans éclat. Les visiteurs partirent,
I'un après l'autre, sans grandcs démonstrations, mais cachant mal
une certaine tristesse. Pour plusieurs, c'était un adieu au pays de
leur enfancc. La vie sur les hauteurs reprit son cours monotone.
Les élèves de l'élémentaire et les étudiants du secondaire étaient
retournés en classe, sans grand enthousiasmc. Les cégépiens par-
taient une semaine plus tard. À certaines heures du jour, on aurait
cru quc les derniers survivants étaient entrés en hibernation. Un
seul signe de la présence humaine dans cet univers de neige : la fumée
qui se tortillait sur les toits.
Louis-Philippe et Marie avaient retrouvé leur train-train régu-
lier. Grâce à la radio et à la télévision, et aussi aux journaux
que Pierre apportait quand il revenait à la maison, ils restaient en
contact avec le reste du pays et avee la planète. Du sommet de
leurs montagnes, la plupart des hommes politiques leur paraissaient
petits et impuissants en face des problèmes monstrueux à résoudre.
Certains jours, il leur arrivait de se sentir plus en sécurité que
partout ailleurs dans le monde.