Page 66 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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- A genoux, mes frères, dit-il, je vais réciter les prières
des agonisants.
Et la voix du vieux pasteur domina de nouveau celle de la
tempête, lorsqu'il s'écria, les deux mains étendues vers l'ho-
locauste:
c Partez de ce monde, âme chrétienne, au nom de Dieu
c le Père tout-puissant qui vous a créée; au nom de Jésus-
c Christ, Fils du Dieu vivant, qui a souffert pour vous; au
c...nom du Saint-Esprit qui vous a été donné; au nom des
c Anges et des Archanges; au nom des Trônes et des Domina-
c tions; au nom des Principautés et des Puissances; au nom
c des Chérubins et des Séraphins, au nom des Patriarches et
c des Prophètes; au nom des saints Apôtres et des Evangé-
c listes; au nom des saints Moines et Solitaires; au nom
c des saintes Vierges et de tous les Saints et Saintes de
c Dieu. Qu'aujourd'hui votre séjour soit dans la paix, et votre
c demeure dans la sainte Sion. Par Jésus-Christ Notre-Sei-
c gneur. Ainsi soit-il. • Et les spectateurs répétèrent en gémis-
sant: c Ainsi soit-il. • 1
Un silence de mort avait succédé à cette scène lugubre,
quand tout à coup des cris plaintifs se firent entendre der-
rière la foule pressée sur le rivage: c'était une femme, les
vêtements en désordre, les cheveux épars, qui, portant un en-
fant dans ses bras, et traînant l'autre d'une main, accourait
vers le lieu du sinistre. Cette femme était l'épouse de Dumais,
qu'un homme officieux avait été prévenir, sans précaution
préalable, de l'accident arrivé à son mari, dont elle attendait
à chaque instant le retour.
Demeurant à une demi-lieue du village, elle avait bien
entendu le tocsin; mais, seule chez elle avec ses enfants,
qu'elle ne pouvait laisser, elle s'était résignée, quoique très
inquiète, à attendre l'arrivée de son mari pour se faire expli-
quer la cause de cette alarme.
1. L'auteur n'a pas craint de citer au long cette incomparable
exhortation. Les prières de la litur~ie catholique sont malheu-
reusement trop peu connues et appreciées. Quoi de plus sublime
que cette prière que le prêtre adresse à l'âme du moribond au
moment où, se dégageant de sa dépouille mortelle, elle va s'en-
voler au pied du tribunal redoutable de Dieu 1
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