Page 69 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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c'était son bien à lui, auquel il ne permettait à personne de
toucher. Malheur à celui qui el1t offensé de Locheill devant
l'impétueux jeune homme 1
D'où venait cette grande passion? il n'y avait pourtant,
en apparence, aucun rapport dans leur caractère. Arché
était plutôt froid qu'expansif, tandis qu'une exubérance de
sentiments exaltés débordait dans l'âme de Jules. li y avait
néanmoins une similitude bien précieuse: un cœur noble et
généreux battait sous la poitrine des deux jeunes gens.
José, lui, qui n'avait rien perdu des préparatifs de Locheill
à son arrivée, et qui connaissait la violence des passions
d'Haberville, son jeune maître, s'était glissé derrière lui, prêt
à comprimer par la force physique cette âme fougueuse et
indomptable.
L'anxiété des spectateurs fut à son comble à la seconde
tentative d'Arché pour sauver Dumais, qu'ils croyaient perdu
sans ressource aucune.
Tous les yeux étaient tournés, avec un intérêt toujours
croissant, vers ce malheureux, dont le tremblement convulsif
annonçait qu'il perdait graduellement ses forces, à chaquo
secousse du vieux cèdre, et à chaque oscillation de la glace
qui roulait 80US son pied. La voix brisée du vieux pasteur,
criant pitié au Dieu des miséricordes, interrompait seule co
silence de la tombe.
Les premiers efforts inutiles de Locheill n'avaient servi
qu'à l'exalter davantage dans son œuvre de dévouement; il
avait, avec une abnégation bien rare, fait le sacrifice de sa
vie. La corde, sa seule chance de salut, pouv~it fort bien se
rompre lorsqu'elle serait surchargée d'un double poids, et
exposée de plus à l'action d'un torrent impétueux. li était
aussi trop habile nageur pour ignorer le danger de remorquer
un homme incapable de s'aider d'aucune manière. Il savait
qu'il aurait en outre à demeurer sous l'eau, sans respirer,
jusqu'à ce qu'il eût atteint le rivage.
Conservant néanmoins tout son sang-froid, il se contenta
de dire à Marcheterre:
- Il faut changer de tactique: c'est ce rouleau, que je
tenais dans ma main droite, qui a d'abord paralysé mes forces
lorsque je me suis élancé dans la rivière, et ensuite lorsque
j'ai voulu aborder l'îlot.
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