Page 62 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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de flots, obstrué d'abord par cette barrière infranchissable,
                                   se répandit ensuite au loin sur les deux rives, et inonda
                                   même la plus grande partie du village. Cette inondation
                                   soudaine, en forçant les spectateurs à chercher un lieu de
                                   refuge sur les écores de la rivière, fit évanouir le dernier
                                   espoir de secourir l'infortuné Dumais.
                                     Ce fut un long et opiniâtre combat entre le puissant élé-
                                   ment et l'obstacle qui interceptait son cours; mais enfin ce
                                   lac immense, sans cesse alimenté par la rivière principale et
                                   par ses affluents, finit par s'élever jusqu'au niveau de la
                                   digue qu'il sapait en même temps par la base. La digue,
                                   pressée par ce poids énorme, s'écroula avec un fracas qui
                                   ébranla les deux rives. Comme la Rivière-du-Sud s'élargit
                                   tout à coup au-dessous du bras Saint-Nicolas,__son affluent,
                                   cette masse compacte, libre de toute obstruction, descendit
                                   avec la rapidité d'une flèche; et ce fut ensuite une course
                                   effrénée vers la cataracte qu'elle avait à franchir avant de
                                   tomber dans le bassin sur les rives du Saint-Laurent.
                                     Dumais avait fait, avec résignation, le sacrifice de sa vie:
                                   calme au milieu de ce désastre, les mains jointes sur la poi-
                                   trine, le regard élevé vers le ciel, il semblait absorbé dans
                                   une méditation profonde, comme s'il eût rompu avec tous les
                                   liens de ce monde matériel.
                                     Les spectateurs se portèrent en foule vers la cataracte,
                                   pour voir la fin de ce drame funèbre. Grand nombre de
                                   personnes, averties par la cloche d'alarme, étaient accourues
                                   de l'autre côté de la rivière, et avaient aussi dépouillé les
                                   clôtures de leurs écorces de cèdre pour en faire des flam-
                                   beaux. Toutes ces lumières en se croisant répandaient une
                                   vive clarté sur cette scène lugubre.
                                     On voyait, à quelque distance, le manoir seigneurial, lon-
                                   gue et imposante construction au sud-ouest de la rivière, et
                                   assis sur la partie la plus élevée d'un promontoire qui domine
                                   le bassin et court parallèle à la cataracte. A environ cent
                                   pieds du manoir, s'élevait le comble d'un moulin à scie dont
                                   la chaussée était attenante à la chute même. A deux cents
                                   pieds du moulin, sur le sommet de la chute, se dessinaient
                                   les restes d'un îlot sur lequel, de temps immémorial, les dé-
                                   bâcles du printemps opéraient leur œuvre de destruction (a).
                                   Bien déchu de sa grandeur primitive, -  car il est probable
                                   qu'il avait jadis formé une presqu'île avec le continent, dont
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