Page 248 - index
P. 248
Indes occidentales, je voudrais avoir quelque chose de plus satisfaisant à lui
dire de notre colonie de la Louisiane, au sud de l'Amérique Septentrionale;
mais comme il est bon qu'elle soit informée de tout pour ëtre préparée à
tout, du mal pour y rén1,édier quand il en sera temps, et que l'une ou l'autre
des deux couronncs de France ou d'Espagne croiront devoir recourir au S.
Siège pour' y remettre l'ordre qiii y devrait être, comme dzi bien pour le
soutenir et le porter, s'il était possible à la plus grande perfection; voici ce
qui se passe actuellement.
Malheureusement, bfonseigiieur, nous en sommes présentement bien
éloignés et c'est avec la plus vive douleur que je vois cette pauvre colonie
dans l'état affligeant où elle est actuellement po~r le spirituel, et j'oseiais
presque dire pour le civil et le gouverneinent temporel, jusqu',à ce qu'on ait
pu y rntablir la paix. le bon ordre, et la subordination aussi nécessaire au
bi,en du service qu'au niaintien e: au proprès de notre ste religion.
Il n'est pas, je crois, nmécessaire, Monseigneur, de rappeller à Vcitre
Eminence la cession qui a &té faite de cette co!onie par la France à l'qspa-
gne, et elle aura sans doute appris les troubles qui y sont survenus, an point
que le gouverneur espagnol en a été renvoyé par arrêt du Conseil supérieur
de la colonie, qui a eu ordre d'en sortir dans trois jours avec ce qu'il y avait
emmené d'Espagnols, ce qni a *té ponctuellement exécuté; mais j'apprends
que les Espagnols ilon seiilement prétenclent y rentrer, mais qu'il se ilis-
posent à l'exécuter incessamment. Et Dieu veuille que cela n'opère aucune
nouvelle révolution, car, pendant ce temps-là notre ste religion en souffre
d'autant que sa colonie reste sans missionnaires ni francais, ni esp~,moli, et
qu'il n'y a pas moyen de penser à y en envoyer jusqu'à ce que le sort de
cette pauvre colonie soit d2cidé et qu'on sache à qui elle appartiendra, et si
la cession aura lieu et s'exécutera comme il y a lieu de le croire et suivant
qu'il paraît que c'est l'intention des deux couronnes unies par un pacte de
famille.
Voilà, Monseigneur, tout ce dont je peux présentement rendre compte
à votre Em"e ju,squ8à ce que le temps e.; les évènements nous aient appris
quelque chose de nouveau.
Permettez-moi en attendant de vous renouveller le très-profond ires-
pect avec lequel je siis et serai toute ma vie.
De votre Eminence,
hIonseigneur.
Le très-humble et très-obéissant serviteur
L'ABBÉ DE L'ISLE DIEU
A Pans. ce 14 août 1769.
Copie de lettre écrite de Quebec le 20 août 1766 par le
missionnaire Jacrau à. Son Em. le Cardinal Pamphili
Colonna, Nonce à Paris.
C'est le missionnaire du Canada qui se donne i'honneur de vous écrire;
compagnon de Monseur Briand, evéque de Québec, suivant la promesse que