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Indes occidentales, je voudrais avoir quelque chose de plus satisfaisant à lui
                                       dire de notre colonie de la Louisiane, au  sud de l'Amérique  Septentrionale;
                                       mais  comme il  est  bon  qu'elle  soit informée  de tout  pour  ëtre préparée  à
                                       tout, du mal pour y rén1,édier quand il en sera temps, et que l'une ou l'autre
                                       des deux couronncs  de France ou d'Espagne  croiront devoir  recourir au S.
                                       Siège pour'  y  remettre  l'ordre  qiii  y  devrait  être, comme dzi  bien  pour  le
                                       soutenir et le porter, s'il était possible à la plus grande perfection;  voici  ce
                                       qui se passe actuellement.
                                           Malheureusement,  bfonseigiieur,  nous  en  sommes  présentement  bien
                                       éloignés et c'est  avec la  plus vive  douleur que je  vois cette  pauvre  colonie
                                       dans l'état  affligeant où  elle est actuellement  po~r le spirituel,  et j'oseiais
                                       presque dire pour le civil et le gouverneinent temporel,  jusqu',à  ce qu'on  ait
                                       pu y  rntablir la paix.  le  bon  ordre, et la subordination aussi nécessaire  au
                                       bi,en du service qu'au  niaintien  e:  au proprès de notre ste religion.
                                           Il n'est  pas,  je  crois,  nmécessaire,  Monseigneur,  de  rappeller  à  Vcitre
                                       Eminence la cession qui a &té faite de cette co!onie  par la France à  l'qspa-
                                       gne, et elle aura sans doute appris les troubles qui y sont survenus, an point
                                       que le gouverneur espagnol en a été renvoyé par arrêt du Conseil supérieur
                                       de la colonie, qui a eu ordre d'en sortir dans trois jours  avec ce qu'il  y avait
                                       emmené d'Espagnols, ce qni a *té ponctuellement  exécuté; mais j'apprends
                                       que les  Espagnols  ilon  seiilement  prétenclent  y  rentrer,  mais  qu'il  se  ilis-
                                       posent  à l'exécuter incessamment.  Et Dieu veuille que cela n'opère  aucune
                                       nouvelle  révolution,  car, pendant  ce temps-là  notre ste religion  en souffre
                                       d'autant que sa colonie reste sans missionnaires ni  francais, ni  esp~,moli, et
                                       qu'il  n'y  a pas moyen  de penser  à  y en  envoyer  jusqu'à  ce que  le  sort de
                                       cette pauvre colonie soit d2cidé et qu'on  sache à qui elle appartiendra, et si
                                       la cession aura lieu et s'exécutera  comme il y a  lieu de le croire et suivant
                                       qu'il  paraît que c'est  l'intention  des deux couronnes  unies  par un pacte  de
                                       famille.
                                           Voilà,  Monseigneur, tout ce dont je  peux présentement  rendre compte
                                       à votre  Em"e  ju,squ8à ce  que le  temps  e.;  les  évènements  nous  aient  appris
                                       quelque  chose de nouveau.
                                           Permettez-moi  en attendant  de vous  renouveller  le  très-profond  ires-
                                       pect avec lequel je  siis et serai toute ma  vie.
                                                       De votre Eminence,
                                                               hIonseigneur.
                                                              Le très-humble et  très-obéissant  serviteur
                                                                       L'ABBÉ DE  L'ISLE DIEU
                                       A  Pans. ce 14 août  1769.


                                            Copie de lettre écrite de Quebec le 20 août 1766 par le
                                             missionnaire Jacrau à. Son Em. le Cardinal Pamphili
                                                           Colonna,  Nonce à Paris.
                                           C'est le missionnaire du Canada qui se donne i'honneur  de vous écrire;
                                       compagnon de Monseur Briand, evéque de Québec, suivant la promesse que
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