Page 93 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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02s lB06, cornnience un conflit entre la bourgeoisie canadienne et
la bourgeoisie capita)i,te qui allait aboutir à la crise de 1810. Dan8
eette lutte, le journal Le Canadieii allait jouer un rôle important puis-
qu'il tendait i euprinier les revendications politiques, uoçiden et, même,
religieuses de l'élite canadienne. La peneée exprimée dane ce journal
marquait nettemenk une volonté d'asseoir la société canadienne sur les
forces nouvelles. Sans doute on rejetait eneore la dérriocra~ie, mais on
revendiquait un gourernement établi sur 1~ principes qui la fondaient :
ln ariuvcraincté du puple el lm droits individuels. On rejetait encore
l'autre révolutionnaire, mais on invoquait lm penseurs qui en avaient
émis la philosophie : Montesquieu, Voltaire, Rousseau. 1,ocke. h
eliristianisme n'était pas mis en cause d'une façon systeniatique, mais on
afirniait la nécessite d'une séparation entre 1s ficience politique et la
~hkulvgit., entre la niorale et le dope, entre le domaine de la foi et eelui
de ln science. Certains osaient même prétendre qu'il était possible de
concilier le christianisme et la pen& litierale. On coniprend pourquoi,
dans ee conflit qui, au fond, impliquait deux clasaes, les dirigeants poli-
tiques alhient intervenir pour riprirner den irlEes et des liommes qui,
dan^ leur pensée, visaient a I'érablissemetii d'une république au Canada.
Le 19 mars 1810, Pédard, Blancliet et Taschereau étaient arrêtés et Le
CanaJien supprimé. Quelle position allait adopter ML' Plessis dana ee
connit ?
Mg' Plessis n'allait pas tarder à iute~enir dans le conflit en faveur
du gouvernemenk. Ie 2Y mars. iI Ecrivaik au gtand-vieaire Conefroy :
r D'aprk mes lettres du 22 et du 26, voua nc doutez pas, je 1'mpère, de
l'importance dont iI est, pour le clergé, de rnontrer le plue grand zèle
pour la cause du gouvern~ment, s'il veut dissiper Ice nuages qur l'on
cherche à répandre sur sa loyauté. Ce n'est pas qu'il faille nous flalter
de elianger l'opinion publique ni le sort dea élmtions qui me paroit à
peu près décidé, mais il faut que le gouvernement puis= dire que noua
avons reconiniandk aux peuples de se maintenir dane leurs devoirs, ce
qui peut iri.fi bien se faire par dcs lieur eonitiiuiis, tel& qu'en fournit la
Nouveau Testament : Math. 22-1 ; Tim. 2 : Rom. l3-1 ; Petr. 2 à verset
13. Quelques curés de ce district ont iait cela dès dimanche dernier ;
plusieurs même oril lu la proclamation au prjne et eela a fait pjaiejr.
La même cliose aura lieu à la ea~hédrale dès dimanche procliajn. B 41
L dirnanehe, prernier avril 281% Mg' Plessis rnonte en chaire et,
après la lecture de la procIaniation du Gouverneur, il prend poeition
dam le eonflit au noni de l'expérience rn f~ndEe sur dea observa~ions
certaines r et au nom de la plus saine tliéologie m. '2 Il ne 8'agit donc
pas d'un siniple exposé doc~riiid. C'mt pourquoi la pensée exprimk
dane ce sermon ne se eomprend pas sj on oublie que, pour MW Ple&
le erise de 1810 spparaiseait eornme I'aboutisaement logique dm événc.
41 Mg' Plrdsia au grand-vicaire Coneftoy (29 mars 1810). AAU, tegisire dey Iet1~-
val. 7, p. 142.
41 Ce sermon a é18 publié à Quéibec la niêma aiinGe. Ce smon a éié lait à la veille
des éleciions.