Page 95 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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r  directement  de  Dieu,  sans  intermédiaire,  le  pouvoir m   politique ?
                              Une  aeule  hypothme noue  semble possible  : 1'Evêque  de  Québec  voulait
                              inarquer  plus forlement encore le earaetère absolu  du  ouvoir et  réfuter
                                                                            P
                              plus fermement  le principe  de la  souveraineté  du peup e.
                                  a Avouons,  mes frères, proclame-t-il, que de tous les sophismes dont
                              on a  abusé,  dans ees derniers  tenis,  pour  leurrer et égarer les  nations  et
                              les  disposer  à  la  révolte,  voilà  peut-eire  le  plue  méchant,  comme  il  eut
                              aussi  le plus  laux et le  plus  absurde,  je  veux  dire,  le  système  de  souve-
                              raineté  du  peuple.  C'est  celui  que  tendoit  à  établir  parmi  les  Juif*,
                              Jean le Galiléen, à une époque oii depuie longteins les Romains les avoient
                              subjugués  ; système que J.-C.  Notre  Seigneur  détruisit  par  ce  raimonne-
                              ment  LOUL simple.  Montrez-moi,  dit-il, une  pièce  de  monnoie.  De  qui
                              wt  eelte  image  et  cette  inscription  ?  de  César,  Hé  bien  !  C'est  donc
                              César  qu'il  faut  rwonnoitre  et  honorer  comme  Souverain.  Je pourrois
                              de même prendre en main  une pièce de monnoie d'Angleterre,  nne guinée,
                              par exemple, et  VOUS  demander à  tous,  quelle  est cette empreinte et cette
                              image ?  Est-ce  celle  du penple ?  Non,  e'est  eelle  du  Roi.  He  bien  !
                               C'est  donc  le Roi  et  non  le  peuple  qui  est  le  souverain.  C'est  done  au
                              Roi  que soiit  dus l'honneur,  la crainte,  les tribntfi,  les  impôts  doiit  parle
                              Saink Pan1  [Rom. 13-71.  Et  qu'on  ne vienne  pas  noue  dire que ees pré-
                                           et
                              cepies  de J.-C. de scs Apôtres étoient  bons  pour  le tems  où ils ont été
                              donnés et ne s'appliquent  pas  de même  aux  eirconetances  oii  noiis nous
                              trouvons,  Car où il  y  a  de l'impiété  à  préteiidre que lea  préceptes  évan-
                              géliques  ne  sont pas  pour  tons les  tems et  pour  tous les  lieux,  où  il faut
                              dire  que  l'Apôtre  des  nations  nous  a  trom+s  . . . h ''  Mgr Plessis  en
                              arrivait preque à poser la monarchie eomme la  wule forme de gouverne-
                              ment  conforme  à la  volonté  divine.  Il n'était  pas  loin  de eonldérer  les
                              républiqnes  comme  une  punition  des  péchés  des  peupla.  Cette  inter-
                              prétetion  devient  plus frappaute lorsque 1'Evêque  de Québec préeenle  aa
                              coneeptiiin  de la  nature du  pouvoir.
                                  La  pcnaée  de Bossuet  aboutissait  B  proclamer  la  nécessité  de l'ab-
                              aolulime le  plus total.  Cet absolutisme lui paraissait  se déduire du gou-
                              vernement  de Dieu.  Mlr Plessis adopte  aussi cette thèse.   m  Voiis donc,
                              chrétiens,  que la  Providence  a  [nit  naître  ou  passer  sous  quelqu'un  de
                              ces divers gouvernemens, vous deva être soumis à  ceux qui y  commen-
                              dent.  J.-C.  en  vous  donnant  une  religion  toute propre  à  vous  conduirc
                              au  Ciel,  ne  vous  a  pas  ehargéa  de  contrôler  et  de  surveiller  leri  souve-
                              rains  sous  lesquels  voua  vivriez.  Laissez,  dit-il,  à  ses  disciples  les  rois
                              des nations  les  dominer.  Mais  vous  qui  devez  vivre  dans  Ie  recueille-
                              ment, dans le silenee, dana lm mortifications,  dans dm soupirs continuels
                              vers une aulre patrie, vous n'avez  rien  de semblable  &  faire. . .  La  reli-
                              gion  n'exige  qu'une  &ose  de  vous,  mais  elle  l'exige  in] brieusement  :
                              c'est  qne  vous  reconnaissiez  que c'est  Dieu  qui di~pose / es  couronnes,
                               qui  préside  aux  empireri,  qui  les  réunit  et les  partage  à  aon  gré  et  qui
                              met I leur  tete  ceux qu'il  veut  bien  y  mettre.  m  '"'était   Iimiter  le  rôle

                               48  1.-J. Chevalier,  Lts grandes œuvrer  politlgucs , . . p.  70.85.
                              47  Semon de 1810.
                              48  Ibid.
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