Page 96 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
P. 96
de la raiaon à la seule considération dm cho~s de la ioi et, en mbe
temps, refuser à l'individu toute liberté politique. C'est pourquoi I'Evê-
que de Québec avait vu dans le gouvernement anglais une monarchie
absolue de droit divin. Cette coneeption le conduit aussi B interpréter
l'Acte constitutionnel de 1791 dans le sens absolutiste.
Si Mg' Plessis avait exposé fia pensée finr l'origine et la nature du
pouvoir politique, c'est qu'il voulait condamner i'a~titude et les principes
affichés par les chefs de la bourgeoisie canadienne. Leur interpréta-
tion de l'Acte de 1791 ek la fondation du Canadien lui paraissaient avoir
leur souree commune dans la pensée individualiste qui avait abouti à
la Révolution française. Leurs conséquences inévitables avaient été,
selon lui, de propager c I'mprit de démocraiie et d'indépendance B.
. .
C'mt ~ourauoi I'Evêaue de Ouébec condamne eomme tendant à la révo-
L
lution le principe que là où il y a trois branehes de législation, il y a
aussi triple souveraineté, en sortc que la dernière de ces branehes étoit
dans l'administration générale auesi rmpectable que la première que
nous appelons le Roi ou le pouvoir exécutif p. " Cela fiignificait, ch-
I'Evêque de Québec, uue volonté bien arrêtée d'empêcher un mouvement
oui visait à orienter les institutions oolitiaues canadiennes selon les exi-
gences de la pensée 1ibFrale et à doter le peuple d'une éducation conforme
à sa nouvelle situation. 4 C'e~t donc un péché considérable, affirme
MgrPlesfiifi, un +ch& morlel, je ne dis pas de se révolter, je ne dis pas de
renverser un gouvernement établi (entreprise dont je crois tous ceux qui
m'entendent fort éloignés) mais mêmc de s'opposer aux vues louables
de ce gouvernement et d'en contrarier les ordres. Mgr Plessis en
arrivait ainsi à pousser B ses extrêmee la doctrine gallieane et monar-
chiste d'après laquelle la soeiété ne pouvait se maintenir stable que par
* un aménagemeut dee devoirs des sujets' B Dieu, eu passant par le sou-
verain 2. " C'était nier un aiècle d'évolution historique. Mais eomment
40 Mer Ples~ia à Mgr Lartigue (13 sep~embre 1823). AAQ, registre des lettres,
FO~. Il, p. 280ss. Cette leitre noua indique le psilion du clergé vis-à-vis du
régime parlementaird depuis la fin de la Révolution aniéricaine. c A l'mcasion
de l'erpulsion qui fut faile en 1783 de Messra Cepel el Ciquard, on projelta de
dépuler en Andeterre Messrs Adhémar et Delisle non de la part des Marguiliem,
niuis de celle des habitans du pays et de ceux de Montréal en panieulier pour
supplier le gouvernement de donuer plus de protmtion i la Religion Catliolique
qu'il n'ttvoii fait jusqu'alors. Leurs instruciions lea eliargeoient de demander la
liberlé de faire vcoir des prêtres de France et celle d'éteblu un évêque à Mont.
réal. Je trouve cela dam la correapondenee de hl' Montgolfier et Mr Gravé.
L'envoi fut sans sueeès : les députés repportèrent qu'evenl tout il iaUoi1 avoir une
Chambre d'dasemblée, au nioyen de laquelle on pouvoit IOUL obtenir du gouver-
nement. Cela étoit doiiné comme l'opinion de Lard North alors Minisire des
Plantations et ce fiit en conséquence que l'on dresse l'année suivautc ei que l'on
~ranrunil en An Jeterre une requke pour obtenir le wnstilulion qui nous B ÊIé
aeeordEe en 1791 ; consLilution nie1 ealeulée pour le génie des Cana&ens et qui
n'a eu d'autre effet réel que de rendre Ies ad mi ni et ré^ jnmlena envers leri admi-
nisirans. L'emprit de démocralie et d'indépendence e gagné le peuple, est pad
de là au elergé et vous en voyez les fruits. i
BO Sermon de 1810.
51 Ibtd.
M J.-J. Chevalier, Le4 grdes œuvre3 polirigucr . . ., p. 81.
-%-