Page 92 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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canadienne. Issue en majorité du milieu payean, eette nouveiie élite était
beaueoup plus près du peuple et mieux eccordée avec lui que l'ancienne
noblesse. Mois elle evait aussi i s'adapter à de nouvelles couditions d'ex-
islence et é se donner des cadres conformes à ses aspirations et aux
exigenees nouvelles d'un monde qui avait bolué. En somme ee poeait
le problème d'un groupe aocial qui, se trouvant à l'étroit dans l'organi-
sation traditionnelle, revendiquait le droit à une vie plus autonome sur
lm plane religieux el social. C'est en cela que le pliilosoplue individua-
liste du 18' eiècle Iui apparaiseeit, dans une large mesure, comme plus
ronforme à son idéal inoral et social. Sur le plan politique, i'instaure-
tion du régime parlementaire allajt eeeroître 8es possibilités de rayon-
nement et, en même temps, lui apporter dee problèmee nouveaux.
En effet l'Acte constitutionnel de 1791 marquait l'arrivée au pouvoir
de la clasae des marcliands. Il eonsacreit, du point de vue politique.
leur importance économique. Le mise en marche du nouveau gouver-
nement avait mis en lumière ee feit capital. Réeonciliés avec les gou-
verneurs, les marchands avaient réussi pénétrer dans les deux conseils
ou I y installer dee hommes attachée à leur cause. Tel parait être le Ce8
de la majorilé des membres de la noblease canadienne faisant partie des
deux conseils. De plus les premières élections avaient aussi confirmé
ce fait important puisqne la majorité des députés élus au premier parle-
ment appartenaient ; cette clasrie ou étaient liés à elle par leurs intértts.
Mais la Chambre allait changer de physionomie au cours des quinze
années suivantes. En IW8, la Chambre d'dssembiée était composée en
me j orité de membres de la nouvelle bourgeoisie canadienne ; notaires,
avoeatç, médecins, arpenteurs et petils eonimerçants. Qne s'était-il pro-
duit pendant eette période ?
Très tôt les membres de la nouvelle bourgeoisie s'étaient rendus
compte de ce que représentait pour eux le régime parlementaire. Bien-
tôt une conscience de classe était apparue parmi eux étroitement liée sux
réalités sociale4 de l'époqne. II en résultat une opposition sourde é la
bourgeoisie capitaliste. Ila virent dans le fonctioiinement de la nouvelle
con~titution les indices infaillibles d'une évolution vers un gouvernement
oligarchique. Une seule wlutjon s'imposait alors : modeler la eond-
tution sur les principes parlementaires anglais en l'appuyant sur de nou-
veaux eontrepoids. Intermédiaire entre le peuple et hs dirigeants
politiques, la nonvelle bourgeoisie fut amenée à envisager Bon rôle eomme
gardienne des libertés populaires. C'est pourqnoi elle se voyait, saris
conteste possible, domiiier Ia Chambre d'Assemblée et, pour rendre effr-
eace cette fonction politique, eue réclamait Ie gouvernement responsable.
Cette fonetion politique lui paraiwait ressortir de sa siiuation sociale.
Vivant en contact continuel avec le peuple, elle Etait conaciente d'être
le porteparole le plus fidèle de ses aspirations et de es besoins. ElIe
était aussi consciente du rôle qui lui ineombait vis-4-vis une popuIation
sais éducation politiqne qui, du jour au lendemain, devenait maîtresse
de ea vie politique. On peut dire qu'elle se donnait comme mission de
faire accéder le peuple 1 une vie consciente politique. Tels sont les
éléments qui expliquent la fondation du journal Le Cadkn.