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48      MONSEIGNEUll Gll.4.NDIN VOUS PAllU • ••

               si je vous avais moins véritablement aimée, je vous
               aurais fait moins de peine. C'est la triste condition
               des amitiés ici-bas; ou elles ne sont point ce qu'elles
               devraient être, ou elles ne sont point comprises. Au
               ciel, où il n 'y aura plus d'imperfections, notre amitié
               ne sera plus exposée à toutes ces misères. Ce temps
               où, j'espère, nous partirons pour le Ciel, approche
               bien vite, pour moi du moins. Je serais cependant
               tenté de croire qu'il ne vient pas assez vite. Plusieurs
               fois j'ai cru le moment venu; bien qu'effrayé j'en
  1            étais heureux; puis je me vois reculé, qui sait pour
               combien de temps T Voilà qu'aux yeux du Pape, j'ai
               déjà plus de vingt-quatre ans d'l1Jpiscopat; mes
               comptes vont être, comme vous voyez, passablement
               e.irieux et effrayants.






                            Sllvom SE ntpENSER 1

                    Il faut cher enfant ne pas être douillet, ne pas
               même trop s'écouter et éluder les petits malaises et
               indispositions auxquels nous sommes exposés; mais
               il ne faut pas non plus être imprudents et se tuer à
               plaisir ou même sans une absolue nécessité. Si on se
               trouve pris par la nécessité, ce qui peut nous arriver
               fréque=ent à nous autres, en pareil cas, on va de
               l'avant, dût-on en souffrir et même en mourir; mais
               dans les cas ordinaires, nous devons autant que pos-
               sible ménager nos forces et ne pas compromettre
                    1 Lettre à I!On neveu l'abbé Augustin G. -  St-Albert, le 24
               février 1885. _ CFG
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