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46 MONSBIGNBUR GIUNDIN VOUS P.J.BLB •..
FJURE TAIRE SON COEUR 1
MOlllellll1eUr Grandin a Imposé à eou frère de SiDé, (Florent),
un dur aaerifiee: le départ de son fUs, le P~re Henri, pour
les misaio)lB du Canada. Il s'efforce d'adoucir un peu le
chagrin des parents en accordant, à la mère surtout, quel..
ques consolations. Il l'explique à une cousine.
Vous le devez comprendre, un évêque, un mis-
sionnaire, un religieux, ne peut pas se laisser con-
duire par le cœur. Si chez-vous le cœur augmente
les croix, je puis dire que vous n'êtes pas seule;
s'il m'avait fallu lui céder, je ne serais ni religieux
ni missionnaire; Cê n'est donc pas d'aujourd 'hui que
je lui impose silence; ce cœur trop sensible a bien aug.
menté mes sacrifices; j'espère que devant Dieu il en
a aussi augmenté le mérite. Dans bien des cil'cons-
tances, j'ai dû être sourd à des voix, certes bien
autoris~es; je souffrais tant, que je fuyais, me dé-
fiant de ce cœur trop sensible. Ce qui mê consolait
ensuite, c'était de voir que ces personnes si aim~es
(lt si aimantes faisaient, elles aussi, leur sacrifice
avec gén~rosité; c'est une consolation pour moi de
pênser que le bon Dieu leur en tiendra compte.
Le dernier courrier ne m'a pas encore apporté
tout-à-fait la nouvelle que je redoute au' sujet de
mon frère de Sillé. Le pauvre enfant, lui aussi, a
un cœur bien aimant; il a plutôt subi dans le temps
le sBcrifice de' ma pauvre personne, qu'il ne l'a
accepté. Le bon Dieu lui en a demandé un bien
autrement difficile à son cœur de père, sacrifice bien
pénible aussi pour son fils; il faut vraiment que le
1 Lettre à une cousine. ...:.. St-Albert, le (16 7) décembre
1876. - (Série: Copleo-Iettres, v. 25,Postulation, Rome).