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DOULEUR DES SEPAIlATIONS 1
Pour le cœur sensible de Monseigneur Graodin, les adieux sont
demeurés l'une des croix les plus pénibles de sa vie. Lors-
qu'il ~tait d.e passage au Mans, en Franee, c'est au foyer
des Latouche, ses bienfaiteurs, qu'il recevait l'hospitalité.
lei, il exprime ses sentiments à sa cousine.
Le grand secret que vous me confiez ne m'a
nullement surpris mais m'a beaucoup réjoui; le ben
Dieu vous aime assez pour vous accorder la grâce
d'être la mère d'un prêtre. Certes ce serait bien
une grande consolation pour moi d'aller l'ordonner,
mais je ne veux et puis cependant vous donner au-
cune espérance; un évêque comme moi ne peut entre-
prendre aucun voyage que pour la plus grande gloire
de Dieu. Si je ne suis pas attaché à ma chambre qui
est chez-vous, c'est que je ne veux m'attacher à rien
sur cette terre, qu'il me faudra bientôt quitter peut-
être, comme j'ai dû quitter votre bonne chambre;
mais je m'attache de tout cœur aux parents et aux
amis, parce que je ne dois les quitter que pour un
temps. Ainsi bonne Cousine, croyez-le bien, si je ne
regrette nullement tous les avantages dont je jouis-
sais chez vous grâce à votre charité, je suis privé
d'être éloigné de vous, de votre digne époux et de vos
.chers enfants; mais cet éloignement ne me permettra
jamais de vous oublier; et si je supporte l'éloigne-
ment de ceux que j'aime, c'est que j'espère les re-
joindre auprès de Dieu, et' cela, pour ne plus les
1Lettre l Ba cousine, Madame Latouche. - Rivière Atha.
baakaw, le 16 juillet 1864. _ (Série: Copie..lettres, v. 25, Pos-
tulation, Rome).
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