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naître que le bras du Seigneur s'appesantit sur
vous; mais du moins je sais que vous ferez votre
profit de ces épreuves; c'est pour votre intérêt que
Dieu les permet, et vous savez comme il s'y entend
en fait d'intérêt. Je ne sais si votre cher neveu con-
naît tous vos chagrins, je serais content qu'il les
ignorât du moins ceux qui le touchent davantage.
J'ai un peu sondé le terrain en lui écrivant afin de
savoir s'il connaissait quelque chose et de pouvoir
an besoin le consoler et le fortifier. Sa réponse me
fait supposer qu'il ignore tout, tant mieux 1 Le mis-
sionnaire a assez à souffrir et je voudrais bien lui
épargner autant de peines que possible. Pour vous,
bien chère cousine, prenez bon courage et surtout
ranimez votre foi. Si c'est au combat qu'on connaît
le vrai soldat, c'est dans les circonstances où vous
vous trouvez qu'on connaît quels sont les vrais amis
de Dieu. CeS misères sans nombre, dont nous
sommes accablés ici-has,'nous empêcheront de nous
attacher trop à cette malheureuse terre et feront
que nous nous àttacherons davantage à Celui qui
seul peut nous rendre heureux. Nos peines fiuiront
assurément, mais quand finiront-el!es , quand nous
mourrons et pas avant. Prophète de malhenr, me
direz-vous. Je ne prophétise point, je dis une chose
qne chacun expérimente tous les jours. Si le pieux
auteur de l'Imitation a pu dire que toute la vie du
chrétien est une croix et un martyre continuels, et
certes il ne s'est pas trompé, que ne doit pas attendre
alors le religieux, celui qui a pris Jésus-Christ pour
son partage "
,Ni moi non plus, bonne cousine, je ne suis pas
exempt de peines, je vous assure. Vous savez quelles