Page 28 - monseigneur
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dire, mais soulagés aussi pour les prochaines chaleurs. Les
                             petits moutons nous arrivaient un peu avant ça. Ils nous amu-
                             saient avec leur air étonné et leurs pattes croches. Nous les
                             aimions bien quand même'
                                 Nous avions une truie et un cochon, un verrat! Les petits
                             arrivaient au printemps, avec leur peau rose et leur queue en
                             tire-bouchon. La truie était grosse et grasse, car dans ce
                             temps-là, on n'entendait pas parler de bacon, mais de grosses
                             fesses de jambon, ça, oui! Le jambon d'aujourd'hui ferait
                             mauvaise figure à côté de l'ancien! Donc, les cochons
                             devaient peser pas moins de 300 livres (136 kg). Mon père
                             avait le tour pour faire du bon lard. Nous avions un grand
                             quart pour ça. Le lard était épais et rosé. Les grillades avec
                             des omelettes, quand nous avions des oeufs, c'était délicieux.
                             Maman faisait souvent des crêpes, le matin, et puis des
                             «bines ». Elle les faisait cuire dans un pot de grès placé dans
                             le fourneau, le soir, et le lendemain matin, les hommes s'en
                             régalaient et étaient en état de faire une bonne journée.
                                 Quand mon pere faisait boucherie, en été, nous vendions
                             les parties maigres de la viande, car nous n'avions pas de glace
                             pour les conserver. Nous en gardions un peu, que nous met-
                             tions dans une chaudière que nous descendions dans le puits.
                             En hiver, nous pouvions conserver les viandes maigres en les
                             plaçant dans les carrés de grains en haut du hangar. Nous
                             devions faire une provision pour le manger des fêtes. Nous
                             conservions les oeufs au même endroit, car les poules ne pon-
                             daient pas l'hiver; elles n'étaient pas organisées pour cela!
                             Elles étaient enfermées dans le poulailler avec le coq, bien à
                             l'étroit, mais il n'y avait pas trop de chicane. En avant du gril-
                             lage, il y avait une auge pour l'eau. Dans les gros froids, l'eau
                             gelait et nous allions y verser de l'eau bouillante pour la dége-
                             ler. Il y avait bien un perchoir dans le fond, mais les poules
                             n'étaient pas intéressées! Au printemps, nous faisions couver
                             une ou deux poules qui donnaient de beaux petits poulets. S'il


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