Page 32 - monseigneur
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marcher ce «horse-port »et ils ne pouvaient arrêter, car ça
marchait tout le temps, en faisant le tour et en descendant. Ils
devaient toujours marcher et monter s'ils ne voulaient pas
tomber. Un vieil ami me disait qu'il avait connu une jument
qui était assez intelligente pour s'appuyer du derrière sur Je
côté et arrêter le moulin. Ce «horse·port », par des courroies,
actionnait le moulin qui recevait la paille remplie de grains. Le
grain tombait dans un contenant et la paille volait en arrière.
Elle était ramassée et placée dans les tasseries vides. C'était
les hommes, sur les tasseries, qui envoyaient le grain dans la
machine. Nous, les enfants, nous nous amusions à marcher
sur les poutres et à sauter dans le foin, mais non quand c'était
du grain. Cette paille était donnée aux vaches dans le cours de
l'hiver; ce n'était pas riche, et les vaches n'étaient pas bien
fortes, Je printemps, avant l'arrivée des vea ux ! Quelques habi-
tants leur donnaient un peu de foin, mais les ménagers (ava-
res) devaient quelquefois tenir leurs vaches par la queue pour
les aider à se lever et à sortir de l'étable.
Dans la grange, il y avait aussi le crible pour séparer le
grain de la paille (ou balle). Et puis le van, pour nettoyer les
pois. Ce van consistait en un triangle, dont un côté était arron-
di. Une courroie en toile était accrochée de chaque côté et
c'est mon grand-père qui vannait. Il se passait la courroie
dans le cou et, se plaçant le dos au vent, il actionnait le van
avec son genou. Les pois restaient dans Je fond et la balle s'en
allait au vent. Tous ces travaux nous intéressaient. Ce van
était suspendu ensuite dans le hangar.
Entre-tem ps, mon père s'était acheté une grande fourche
(sorte de pince) pour décharger le grain. Le câble qui tenait la
fourche était passé dans une poulie accrochée au faîte de la
grange et, en tirant sur le câble, la fourche s'ouvrait et laissait
tomber sa bouchée. C'est encore mon père qui a eu cette pre-
mière fourche dans le rang.
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