Page 22 - monseigneur
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Chapitre 2
La vie à la ferme
La cabane à sucre était au milieu du bois. Vers le 20 mars,
les hommes partaient de la maison avec le suisse (voiture uti-
lisée spécialement pour les sucres) contenant les chaudières et
les chalumeaux. Les tonnes (grands tonneaux) avaient été
lavées et étaient demeurées dans la cabane. Les plaines étant
entaillées, s'il faisait beau, la sève commençait à couler. Les
tonnes étaient placées sur le suisse tiré par un cheval, et, â tra-
vers les arbres, les hommes y vidaient les chaudiérées d'eau
sucrée. Le foyer de la cabane était assez grand pour placer
deux pannes (cuvettes) sur le dessus. Une pour l'eau sucrée, et,
à mesure que l'eau devenait plus épaisse, elle se déversait dans
J'autre panne, où elle devenait du sirop. C'est mon père qui
entretenait le feu et faisait bouillir. Quand il y avait une grosse
coulée, mon père couchait à la cabane et faisait bouillir toute
la nuit.
Ma grand-mère avait la tâche de faire le sucre et elle y
excellait. Nous avions des moules de 4,3 et 2 livres (l,94 et
0,91 kg). C'était bien intéressant pour nous, les enfants, de
voir faire et placer ce sucre chaud dans les moules, mais aussi
d'en manger. C'est si bon, chaud! Ma grand-mère faisait la
tire aussi. Je vois encore sa grande palette de bois et les fils de
tire qui se formaient quand la cuisson arrivait à la fin. Nous
allions remplir des terrines et le grand plat à vaisselle de la
neige du jardin, qui était propre, et nous en étendions sur toute
la surface.
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