Page 20 - monseigneur
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assez souvent de ce raisin sec que j'aimais nature mais pas en
tarte. Mon vol ne devait pas être un gros péché! Ces armoires
contenaient tout le linge de la maison, surtout les couvre-
pieds, les couvertures de lits et toutes sortes de choses aussi,
car elles étaient très grandes. Je ne sais si elles sont encore
dans la maison.
Dans la grande salle ou cuisine, il y avait, près de l'esca-
lier, la chambre de nos parents, à l'opposé du salon, puis le
gros poêle à deux ponts, un sideboard (buffet), des chaises en
quantité, deux berçantes, une grande table et un sofa; nous en
avons toujours eu un, c'est si commode!
Dans l'allonge, c'est encore une grande cuisine, une grande
table, des chaises, une armoire à vaisselle, un gros poêle et une
huche en arrière du poêle. Ma mère faisait le pain de la famil-
le. Elle faisait son levain elle-même (nous avions du houblon
tout le long de la clôture du jardin) mais je ne sais comment
el le le faisait.
Il y avait plusieurs fenêtres: une donnait du côté du puits,
avec la porte de sortie pour aller aux bâtiments, et les deux
autres se trouvaient du côté du village. L'allonge se prolon-
geait un peu, pour nous permettre d'avoir une porte qui don-
nait sur le jardin. Quand ma mère lavait ce plancher de la cui-
sine avec une brosse et de la potasse, il devenait jaune comme
de l'or, car c'était du bois mou. Ce n'était pas souvent qu'elle
avait de l'aide. Je pense aujourd'hui comme cela devait être
fatigant' Elle était propre et fière. Elle essayait de protéger ce
plancher le plus possible avec des tapis tressés et des cata-
lognes. Mon père avait fait de grands crachoirs en bois, car ça
fumait la pipe et ça crachait aussi, pas toujours à la bonne
place!
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