Page 18 - monseigneur
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poulailler d'hiver dans le grenier de l'allonge. Quand le prin-
temps arrivait, nous devions revenir habiter cette allonge. Il
fallait que ce soit propre. Nous déménagions ordinairement
après le temps des sucres. Quant au grenier, comme c'est le
cas pour tous les greniers, tout ce qui ne servait pas y abou-
tissait.
Dans les cuisines, l'escalier était toujours placé près de la
porte. Celui de la grand-maison avait une belle rampe avec
des poteaux tournés, et,le poteau du bas avait une grosse boule
sur le dessus. Une belle glissade, mais aussi une dégringolade
de temps en temps!
En entrant dans la cuisine d'été (l'allonge), il y avait le
banc des siaux (seaux), avec trois tablettes. Celle du haut était
moins large et on y plaçait les tasses en fer· blanc, le tombleur
(gobelet) à poignée et une tasse plus grande pour les commo-
dités. Sur la deuxième tablette, c'était les chaudières pour
l'eau à boire et pour les repas. La troisième servait de dé-
barras, pour les traÎneries, sans oublier le petit pot de chambre
pour le plus jeune! À côté du banc des siaux, il y avait un
autre banc plus étroit: quatre pattes supportaient un dessus
avec entourage et troué au milieu pour placer le lave-mains. A
côté, un rouleau pour s'essuyer les mains et, en dessous, un
siau pour vider l'eau sale. Les restants du repas, les eaux des
patates et des légumes étaient vidés dans le quart à drague
(baril contenant la nourriture pour les cochons: lait sûr, eau
de vaisselle, pelures de légumes, etc.) placé sous l'escalier. Les
hommes allaient vider ça dans les auges à cochons. Les chats
et le chien mangeaient des restants aussi, auxquels nous ajou-
tions du lait ou autre chose. Ils ne se plaignaient pas et étaient
en bonne santé. Au-dessus du lave-mains, qui était vis-à-vis
d'une fenêtre, nous accrochions un miroir pour les hommes
qui se faisaient la barbe et pour nous, pour nous peigner.
Les fenêtres étaient à deux volets. Ma mère faisait des
toiles avec des restants de tapisserie (papier-tenture) ; dans ce
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