Page 19 - monseigneur
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temps-là, les maisons étaient toutes tapissées. Elle coupait
des lisières de la largeur et de la longueur du volet et les
clouait en haut des vitres, après y avoir mis un galon au
milieu. Le galon, dans mon jeune temps, ma mère appelait
ça du padou. Dans le jour, nous roulions ces lisières et les
attachions au haut ou au milieu des volets. Le soir, nous déta-
chions les galons et nous étions à l'abri des «watcheux »
(écornifleurs) !
Dans la grand-maison, en avant dans le petit salon, il y
avait deux fenêtres garnies de beaux rideaux de dentelle et
aussi des chaises assez ~onfortables, mais nous n'y allions pas
souvent; la porte restait fermée, et ça faisait du ménage à
faire en moins. Les seuls souvenirs que nous y avions étaient
des albums de portraits avec le couvert en velours rouge et une
attache d'argent (nickelée). Beaucoup de portraits en «zing »
(zinc) !
Les planchers étaient couverts de catalognes et les
hommes se couchaient là l'après-midi du dimanche, quand il
faisait chaud; c'était ;>lus frais. Dans le haut à gauche, en
montant l'escalier, se trouvait la chambre de mes grands-
parents. La cheminée passait dans le coin de cette pièce;
c'était plus chaud. Le reste était vaste: c'était la chambre des
enfants, le dortoir. Entre la chambre des grands-parents et le
dortoir, il y avait un petit vasistas dans le haut du mur, pour
laisser passer la chaleur; il s'est commis là quelques petites
indiscrétions... Peu, car ma mère était prévoyante et un peu
prude, sans être scrupuleuse; elle avait posé un rideau sur ce
vasistas! Dans les chambres de mes grands-parents et
parents, il y avait de grandes armoires, d'un plancher à l'au-
tre. Celle de ma grand-mère était brune et l'autre, jaune. En
dessous de celle-ci, il y avait de l'espace... des cachettes. Pour
les fêtes (Noël et Jour de l'An), ma mère achetait une boîte de
raisins pour les tartes. Je ne sais combien ces boîtes de bois
contenaient de raisins... plusieurs livres, je suppose! J'ai volé
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