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76              LA COLONISATION DANS QUEBEC
              les Iles et de construire des va'sseaux capables de les y transporter.  Les
             habitants du pays sont naturellement indépendants et n'accepteront
              pas la levée d'un minot de blé par cheval (1).
                  Sur ces observations, le ministre renonce à son projet tout en exhor-
              tant le gouverneur et l'intendant à diriger leurs efforts dans le but de
             diminuer le nombre des chevaux et augmenter celui des bestraux (2).
                  Les années de disette reviennent souvent: en 1716, la sécheresse
              et les feux de forêts font de grands ravages, les racines des arbres sont
              brulées jusqu'à deux pieds dans la terre, écrit Vaudreuil (3).
                  En 1720, ce sont les chenilles qui dévorent les blés à peine levés.
              Les années 1736 et 1737 ont des hivers trop longs.  On ne peut faire les
             semences que très tard; la récolte est si pauvre à l'automne de 1737
              que l'intendant demande des farines de France, pour le printemps
              suivant. (4) Nouvelle apparition des chenilles en 1743; elles anéantis-
              sent les récoltes et la disette est extrême.  Beauharnais et Hocquart
              écrivent à l'automne de 1744 (5): "L'événement a justifié les craintes
              que nous eumes l'année dernière de l'extrême modicité des récoltes,
              ce n'a été qu'avec des peines infinies que nous avons pourvu aux
              nécessités publiques.  Nous avons épuisé toutes nos ressources; celles
              que nous avons trouvées chez les habitants ont été les principales et
              les plus efficaces ... ; le peuple a vécu misérablement; plus de la moitié
              des habitants de la campagne se sont passés de pain depuis le prin-
              temps jusqu'aux récoltes.    Ils ont vécu par leurs industries: la pêche,
              la chasse, les herbes, le laitage, personne n'a péri de faim".
                  Heureusement que dans les bonnes années la terre produit abon-
              damment toutes sortes de denrées; on s'emploie à lui faire donner tout
              le rendement possible; les terres neuves surtout rapportent beaucoup;
              aussi les défrichements agrandissent considérablement, les seigneuries
              se peuplent, de nouvelles paroisses s'organisent chaque année.


                                       Nouvelles seigneuries.
                  Bientôt les anciennes seigneuries ne suffisant plus au développement
              de la population, il faut en ouvrir de nouvelles.  L'arrêt de 1711 a eu
              bon effet (6).  Il est vrai que l'on ne se presse pas de réunir au domaine
              les seigneuries non habitées parce que ce n'est pas toujours facile de se
              rendre compte de l'état de leur développement. On se montre plus sévère
              pour les censitaires qui ne tiennent pas feu et lieu.   Beauharnais et
              Hocquart écrivent au ministre (7) : "A l'égard des concessions accordées
              par les seigneurs aux habitants, M. Hocquart s'est conformé jusqu'à
              présent à l'arrêt du 16 juillet 1711, et a prononcé depuis qu'il est en
              Canada, la réunion de plus de deux cents concessions aux domaines

                   (l)-Beauharnois et Hocquart, au Ministre 8 octobre, 1731, A. C., C. G., Cano Vol. 54. fol. 106.
                   (2)-29 avril, 1732, A. C. Reg. Dép. Vol. 57, fol. 682).'2.
                   (3)-14 octobre 1716, A.C.C.G., Vol. 35, Fol. 27.
                   (4)-Hocquart au Ministre 30 octobre 1737.  A.C.C.G., Vol. 67, fol. 76~.
                   (5)-12 octobre A.C.C.G., Vol. 8I.
                   (6)-Voir chap.  page  .
                   (7)-3 octobre, 1731, A.C.C.G., Canada, Vol. 54, Fol. 40.
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