Page 38 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                           23

      coste du fleuve de St-Laurent, sur une lieue et demi de profondeur dans
      les terres à l'endroit où la rivière appelée Notre-Dame de Beauport
      entre dans le dit fleuve, icelle rivière comprise" (1)  un devait réaliser
      dans sa perfection le type du seigneur colonisateur" dit Salone (2)
           La Compagnie lui avait octroyé la concession en toute justice,
      propriété et seigneurie à perpétuité uà condition d'un seul hommage
      lige à chaque mutation de passeur avec une maille d'or du poids d'une
      once et le revenu d'une année, de ce que le dit sieur Giffard se sera réservé
      après avoir donné en fief ou à cens et rentes tout ou en partie des dits
      lieux".  En outre, il était statué uque les hommes que le dit Giffard ou
      ses successeurs feraient passer en la Nouvelle-France, tourneraient
      à la décharge de la dite compagnie en diminution du nombre qu'elle doit
      y faire passer".
           On comprend ici l'intention de la compagnie des Cent-Associés.
      Se sentant dans l'impuissance de peupler la colonie, elle avait décidé
      de se décharger de ce soin sur un certain nombre de gentilshommes
      auxquels elle concéderait de grandes étendues de terrain avec l'obligation
      de sous-concéder à des colons qu'eux-mêmes recruteraient.     C'est pour
      répondre à cet engagement que le seigneur de Beauport avait fait une
      propagande fructueuse dans son pays natal, à Mortagne, au Perche.
           Il conduisait dans ce premier convoi trente à quarante personnes,
      parmi lesquelles, M. le Sueur de Saint-Sauveur, prêtre, curé de Harcourt,
      Juchereau du Maure et Juchereau des Chatelets, qui avaient apporté un
      concours précieux à Giffard, dans son travail de recrutement, le sieur
      Jean Bourdon, homme d'un grande probité, qui devait jouer un rôle
      considérable dans la colonie; Marin Boucher, Gaspa'rd Boucher, Zacharie
      Cloutier, Jean Guyon, Noêl Langlois, dont les descendants sont répandus
      par tout le Canada, faisaient également partie de ce convoi.   Tous ces
      colons semblent d'abord s'être établis auprès de Giffard.
           "Au reste", dit Salone, uRobert Giffard, ne s'est pas mis en campa-
      gne uniquement pour recruter les hommes de travail dont il a person-
      nellement besoin.   Il a recruté des colons pour toute la colonie.    Et
      c'est à lui que revient la gloire d'avoir provoqué cette émigration
      percheronne, qui, de 1634 à 1663, a fourni au Canada plus de cinquante
      chefs de famille.  Le chirurgien de Mortagne est un des fondateurs de
      la colonie française du Canada. Avec une vingtaine de collaborateurs
      de cette activité et de ce désintéressement, le problème était résolu;
      la Nouvelle-France était peuplée" (3).
           Champlain eut le bonheur d'assister à l'arrivée de ce convoi et de
      celui de 1635,  Quelle joie pour lui de voir enfin la réalisation de ses plus
      légitimes ambitions.   Il ne devait pas jouir longtemps de son bonheur;
      le 25 décembre 1635, il expirait, emporté par la paralysie.
           Son successeur Charles Huault de Montmagny, n'arriva à Québec,


           (l)-Tenure seigneuriale. Pièces et Documents, 1852, p. 386.
           (2)-La Colonisation de la Nouvelle-France, p. 55.
           (3)-La Colonisation de la Nouvelle-France, p. 57.
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