Page 34 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                           19
      c'était tout simplement un poste de traite et rien de plus, car les mar-
      chands de France qui fournissaient les fonds à Champlain ne songeaient
      qu'à développer le fructueux trafic des fourrures, sans se préoccuper de
      faire prospérer le pays.
           Hébert, inspiré par Champlain, comprit que la Nouvelle-France
      pouvait et devait compter pour sa subsistance sur autre chose que les
      provisions apportées par les vaisseaux.
           Sa hache abattit les grands arbres qui balançaient leurs cîmes là où
      s'élèvent aujourd'hui la Cathédrale, l'Archevêché, le Séminaire et l'Uni-
      versité.  Sans autre instrument que sa bêche, il tourna et retourna
      cette terre jusqu'à ce qu'elle fut prête à recevoir la semence.  Il y jeta
      les grains de France et y planta des pommiers et des rosiers et vit enfin
      se pencher, au souffie de la brise, les épis dorés, les fleurs et les fruits
      de la patrie de là-bas (1).  Avec quel intérêt Champlain suit les premiers
      essais de culture!
           A son retour, dans l'été de 1618 (27 juin) comme il est heureux de
      constater le succès de son premier colon: "Je visitay, dit-il, les lieux, les
      labourages des terres que je trouvay ensemencées et chargez de beaux
      bleds; les jardins, chargez de toutes sortes d'herbes, comme choux, raves,
      laictues, pourpiées, oseille, persil et autres herbes, citrouilles, concom-
      bes, melons, poix, fèves et autres légumes aussi beaux et advancez
      qu'en France, ensemble les vignes transportées et plantez .... bref le
      tout s'augmentant et accroissant à la vue de l'œil" (2).
           Malgré tout, les associés de la Compagnie ne faisaient absolument
      rien pour pe'upler la colonie, "craignant que si le pays s'habitât leur
      pouvoir se diminuerait, ne faisant en ces lieux tout ce qu'ils voudraient
      et seraient frustrés de la plus grande partie des pelleteries ({u'ils n'au-
      raient que par les mains des habitants. . ..  Considérations pour jamais
      n'y rien faire pour tous ceux qui auront de semblables desseins" (3).
           Pressés par Champlain de remplir leurs engagements, les directeurs
      de la Compagnie promirent de faire passer en la Nouvelle-France dans
      l'été de 1619 "quatre-vingt personnes y compris le chef, trois Pères
      Récollets, commis, officiers, ouvriers et laboureurs" (4).


                           La compagnie de Montmorency.

           Cette promesse fut oubliée comme toutes les autres.      Le duc de
      Montmorency, qui avait succédé au duc de Condé, comme vice-roi,
      voyant la mauvaise foi de la compagnie des Marchands révoque leurs
      privilèges et fonde une nouvelle compagnie à la tête de laquelle il met

           (1)-En 1917, il y aura trois cents ans que Louis Hébert traversa la mer pour venir commencer
      le défrichement du Canada.  Ce troisième centenaire sera-t-il célébré?  Espérons, qu'à la Haute-
      Ville-de-Québec, où mû.rit la première moisson, on élevera un monument à Louis Hébert et à son admi-
      rable femme.  Jamais le pays n'aura plus belle occasion d'honorer et de glorifier le travail de la terre,
      la force d'âme et les vertus de nos ancêtres (Laure Conan, Louis Hébert, 1912, page 39).
           (2)-Œuvres de Champlain.  Edit. Laverdière.  Tome IV, p. 128.
           (3)-Id. Tome V, p. 317.
           (4)-Id. Tome V., p. 317.
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