Page 80 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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et à la lisière de la forêt. Quand le propriétaire décida de déman-
teler la scierie pour la transporter ailleurs, il resta une grande
quantité de troncs destinés à pourrir sur place.
Pour ses habitants, le pays était condamné. Lorsqu'ils devaient
sortir les soirs sans lune: ils s'imaginaient qu'une mauvaise fée se
promenait au-dessus des collines et des bois. L'exode commença.
Ce furent d'abord les jeunes qui partirent pour aller tenter leur
chance dans les villes, en Abitibi ou sur la Côte-Nord. Quelques-uns,
à l'esprit plus aventureux, prirent la route de l'Ouest, d'autres passè-
rent aux États-unis. En peu de temps. la population fut réduite de
moitié. L'hémorragie continua, si bien qu'aujourd'hui il ne reste
plus que treize familles. Dans un an, les autorités auront probable-
ment effacé les derniers vestiges de cette aventure humaine.
Pour chasser la mélancolie qui s'était emparée du petit groupe,
Louise offrit à boire. Tout en dégustant un vin de pisseiilit vieux
de trois ans, on parla des anciens, des connaissances communes, des
problèmes scolaires et un peu de politique.
Le lendemain, il tombait une neige légère. Louis-Philippe alla
conduire le cousin chez son frère, à La Morcndière. Pendant les
jours qui suivirent, la vie fut sans surprise.