Page 48 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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l'autre.  Même si on  travaille  rien  que  dans l'après-midi,  dans deux
                                semaines  tout  s'ra  fini.  Autrement,  chacun  fendra  du  bois  tout
                                l'hiver.
                                     -Et   le  tracteur,  et  le  banc  de  scie ?  on  n'en  a  pas  tous,  fit
                                remarquer  justcment  Pierre  Babin.
                                    -Alexis   est  ben  organisé  pour  ce  travail  et  il  m'a  dit  qu'il
                                était  prêt  à  le  faire,  précisa  Eugène  Soucy.  On  le  paiera  ce  qu'ça
                                vaut  pour  ses  machines.  Quant  au  travail,  on  se  l'échange,  tout
                                simplement.  Y  en  a  qui  sont  pas  d'accord?
                                     Commc personne  ne  parlait  et  que  les  attitudes  indiquaient  le
                                consentement,  il  ajouta  sans  plus  attendre  :
                                    -On    commence demain  ;iu  fond du  4, chez Baptiste  Plourde.
                                1  faut qu'on  soit tous  rendus  à une  heure  tapant.  Surtout,  n'oubliez
                                pas  vos  haches.
                                     Ils  se  levèrent  I'un  après  l'autre,  sans  prirler,  comme  si  tout
                                avait  éti  dit.  Remplie  d'une  furnée  âcre.  la  cuisine  était  sombre
                                comme  une caverne.  Eugène  Soucy entr'ouvrit  légèrement  la  porte.

                                     Au  salon, les  femmes n'avaient  pas  discuté  moins  sérieusement
                                que  les  hommes  à  la  cuisine.  Décidées  de  prendre  en  main  les
                                situations  qui  dépendaient  plus  d'elles  que  des  maris.  elle  avaient
                                surtout  cherché  des  moyens  de  s'entr'aider.  Elles  redoutaient  cet
                                hiver  pas  comme  les  autres  et  les  difficultés  qu'il  pouvait  entraîner.
                                Toutefois,  une  bonne  partie  de  l'après-midi  avait  été  employée  à
                                discuter  de  la  préparation  de  la  fête  de  Noël.  Toutes  souhaitaient
                                une célébration  renouvelée qui puisse  intéresser  Irs jeunes  autant que
                                les  aînés.
                                    C'est  Rose-Anna,  la  femme d'Alexis  Boudreau, qui  prit  l'initia-
                                tive de diriger la discussion  sur ce point  :
                                    -On    n'peut  penser  descendre tous  à la  messe  de minuit  à  La
                                Morendière.
                                    -Y    aurait  pas  de  places  de  banc,  fit  Émilie,  la  femme  de
                                Pierre  Babin.  Faudrait  rester  debout  en  arrière  de  l'église  ou  dans
                                les  allées.
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