Page 47 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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deux femmes qui peuvent  assister ceUe qui est en  couches.  C'est  un
                                  sentiment  fort  différent  qui  les  habite  en  ce  moment  : la  crainte
                                  d'être  privé  du  bonheur  artificiel  que  la  société  technologique  a
                                  transporté  sur  leur montagne.
                                       Alexis  exprima la pensée  de tous  :
                                       -La  maladie, faut y penser, mais elle frappe pas tous les jours,
                                  et pas tout  le monde en même  temps.  Manquer d'électricité,  ça sera
                                  dur  tout  i'temps,  asteur qu'on  est  accoutumé.
                                       -Ça  changera  nos  habitudes,  fit  Louis-Philippe  Landry, mais
                                  on  pourra  s'organiser.  Toutes  les  maisons  ont  leu  poêle  à  bois ;
                                  pour s'éclairer, y  a le fanal.  Plusieurs  s'en  servent encore  à  l'étable.

                                       -Le  pire,  continua  Eugène Soucy,  ce  s'ra  être  privé  de radio
                                  et  de  télévision.  On r'tournerait  vingt  ans en arrière  et on  s'ennuie-
                                  rait  à  mourir.
                                       Après que chacun eut exprimé son opinion sur ce point - et  il
                                  était  déjà  plus  de  quatre  heures  - Eugène  Soucy  intervint  pour
                                  orienter  la  discussion sur un  autre  sujet :
                                       -1  est  ben  clair  qu'on  n'pourra  trouver,  aujourd'hui  une
                                  réponse  à  toutes  1cs questions.  On continuera  la  discussion  diman-
                                  che prochain  chez Louis-Philippe, comme  i  a  été convenu,  à  moins
                                  de  dérangements.
                                       Comme  Louis-Philippe  Landry  faisait signe  que  tout  était  trés
                                  bien,  il continua  :
                                       -Avant   qu'on  s'quitte,  j'voudrais  vous  faire  une  proposition.
                                       Ceux qui sont  arrivés  à Terre-Haute  en  1930 et  les années sui-
                                  vantes,  ont  réussi  à  s'organiser  sans  trop  de  difficulté parce  qu'ils
                                  savaient  s'aider  les uns  les  autres.  \Tous  vous  en  souvenez, les plus
                                  vieux, les premières  maisons ont été bâties en corvées.  On s'groupait
                                  aussi pour  le ramassage, le brûlage  et  l'arrachage  des souches.  Nous
                                  autres  aussi,  on  pourrait  se  mettre  ensemble  pour  les  travaux  les
                                  plus  durs.
                                       -Comme    quoi,  par  exemple ?  demanda  quelqu'uii.
                                       Y'a  le bois de chauffage à scier, à fendre et  à corder.  On pour-
                                  rait  travailler  une  demi-journée  chez  l'un,  une  demi-journée  chez
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