Page 45 - La Généalogie retrouver ses ancêtres

- faudrait ben consulter les femmes.
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Les têtes s'agitèrent dans un geste d'acquiescement.
Consultées, les femmes refusèrent de voter. Elles étaient unani-
mes à dire :
-Nous sommes d'accord avec nos hommes ; leur décision sera
la nôtre.
-Alors, procédons, dit Eugène Soucy, qui avait encore à la
mémoire le vocabulaire officiel du conseil municipal.
Et il continua :
-Pour que tout chacun se sente à l'aise, je suggère le vote
secret.
Puis, se tournant vers Louis-Philippe Landry: qui avait été
secrétaire-trésorier du temps que lui était maire, il dit :
-Tire donc le tiroir du buffet, le premier du haut. Y a queu-
ques bouts de crayons et des feuilles de papier. Prépare c'qu'i faut.
-On écrit quoi ? demanda Alexis Boudreau.
-Oui ou ben non, précisa Eugène Soucy. Oui, si vous pensez
qu'on doit passer l'hiver à Terre-Haute ; non, si vous croyez qu'on
devrait déménager avant les Fêtes. Quand vous aurez écrit, pliez
vot' papier en deux et jetez-le dans le pot à tabac sus le coin de
l'armoire.
Résultat : onze oui, un non.
Quelques regards se dirigèrent instinctivement vers Albert Fran-
cœur, le seul à se tenir coi au fond de la cuisine depuis le commen-
cement de la réunion. Personne ne parla. Quant à lui, il resta aussi
impassible qu'une souche de merisier.

Eugène Soucy crut bon d'ajouter en guise de conclusion :
-Maintenant, les gars, y faut se serrer les coudes et n'pas
lâcher !
- J'vois pas ~ourquoi on n'pourrait pas t'nir bon, lansa subi-
tement Pierre à Baptiste Plourde, un timide qui se risque rare-
ment à intervenu.